La disruption numérique ne concerne pas uniquement le monde citadin. Elle peut agir dans le monde rural jusqu’à même créer des surprises dans certains territoires et les repositionner comme des espaces mondialisés. Le département de l’Eure-et-Loir n’est-il pas en train de grignoter, grâce au haut débit, le leadership de l’Ouest de l’Ile-de-France, en matière d’économie internationale ?
François Quesnay, un des pères de la première école d’économie au XVIIIème siècle, doit sourire. Méré, son village natal, Canton de Montfort-l’Amaury au sud-ouest des Yvelines, était depuis son époque tourné vers Versailles, la cité royale et Paris, la capitale. Cette réalité est en train d’être bouleversée et les politiques des Yvelines et des Hauts-de-Seine qui ont pour projet de fusionner leurs deux départements, ne semblent même pas se rendre compte de la révolution qui s’opère sous leurs yeux.
A Méré existe, depuis un an, le « 50 », un coworking en monde rural qui fonctionne comme un relais auberge du numérique et qui ralenti la transhumance chaque matin des travailleurs qui convergent vers Paris et ses environs. Ce coworking va sédentariser ainsi la valeur immatérielle des habitants-actifs des environs de Méré.
Disruptions numériques en Eure-et-Loir
Mais, le retard du numérique dans le département de l’Ouest francilien est une chance inestimable pour le voisin, celui de l’Eure-et-Loir. Et pour cause, l’agitation digitale dans ce dernier est quotidienne et tous les jours la presse locale fait écho d’installation d’armoires télécom haut débit dans les villages. Ainsi, et comme le veut l’adage, « le premier arrivé, le premier servi », un frémissement de l’économie numérique dans l’Eure-et-Loir est en train de reconfigurer les activités dans les territoires ruraux de l’Ouest de Paris.
Les professionnels qui avaient pour habitude de travailler en milieu urbain dans la banlieue Ouest de Paris, et vivre dans la ruralité du Sud-ouest des Yvelines, découvrent le bonheur du télétravail et du coworking en zone rurale et l’excellence numérique des villes et villages de l’Eure-et-Loir. Un tel dynamisme finit même par être payant, puisque ce département a réussi à placer deux élus au Conseil national du Numérique. La députée Laure de La Raudière, élue du Sud de Chartres, pour qui la Silicon Valley n’a pas de secret, et John Billard, maire de Favril, village de 345 habitants et président de l’Association des maires ruraux d’Eure-et-Loir.
Eure-et-Loir, le département de la cosmétique mondialisée
Alors que le Conseil départemental des Yvelines avait lancé, avant la fin de l’année 2015, ses « Assises de la ruralités » avec une population du Parc de la Vallée-de-Chevreuse, pleine de doute quant à son avenir dans la région et déboussolée par le projet du Grand-Paris qui grignote, par un urbanisme sans fin, son périmètre, l’Eure-et-Loir, par son pôle de compétitivité de la Cosmetic Valley, se lance avec bonheur dans un projet hors norme, un réseau national d’innovations spécialisées, désigné par l’appellation Beauty French Tech.
Effectivement, entre Orléans, Chartres et Rambouillet, on trouve le triangle de la fine fleur des laboratoires de cosmétique, une industrie qui fait de la France, le pays des senteurs et de la beauté. Déjà établi à Chartres, le siège de la Cosmétic Valley, ambitionne d’être pour les produits de beauté, ce qu’en Californie, Palo Alto et ses environs sont pour les nouvelles technologies. Il est clair qu’avec de telles ambitions, la ruralité numérisée de l’Eure-et-Loir sera attractif, pour tous ceux qui rêve d’accéder à des 80 mégabits et plus, afin de créer de la valeur immatérielle en plein nature et des start-up exportatrices du Made In France.
Et tout cela bien loin du Grand-Paris qui cherche encore ses repaires, entre modernité scientifique du Saclay et la cité royale de Versailles.