Avec la convergence énergie/numérique, une nouvelle tendance s’annonce dans les industries de l’éclairage. Devant les difficultés des collectivités locales à investir, en ces temps de crise, dans la rénovation de l’éclairage de leurs communes, les industriels de la lumière commencent à changer leur business model.

C’est une révolution discrète mais un changement de philosophie qui va marquer à jamais les industriels de la lumière artificielle. Suivant l’expression du consultant Xavier Dalloz « Si c’est gratuit, vous êtes le produit. », certaines marques, et notamment asiatiques, de l’éclairage commencent à élaborer des offres en direction des collectivités locales qui empruntent à l’usage gratuit du web.

Conscient que l’équipement intelligent du lampadaire va transformer ce dernier, en un central multi-service, à l’exemple des box des télécoms, certains équipementiers asiatiques développent une approche innovante, où la valeur n’est plus dans le produit lui-même, mais dans les multiples offres de services telecom.

Nous vivons la fusion entre le télégraphe et l’éclairage

Nous assistons alors comme un remake de l’histoire du télégraphe et de la lampe à arc électrique. Comme lorsqu’on a installé, en 1878, soixante-deux foyers pourvus des bougies à arc électrique de Jablochkoff sur l’avenue de l’Opéra, il était associé à des réseaux du télégraphe de Morse. Cette convergence de l’éclairage public et des télécoms vient de se concrétiser par l’association de deux leaders mondiaux, l’un dans la lumière artificielle et l’autre dans la téléphonie mobile.

Les villages, villes et métropoles ne vont plus acheter des installations d’éclairage public, mais bien contractualiser avec des industriels des services dont l’offre de la lumière ne sera peut-être qu’anecdotique. Imaginez que l’éclairage public, le lampadaire en face de chez vous ne fonctionne la nuit qu’au passage de rares passants, alors que transformé en objet connecté, il offre à tout le voisinage et 24h sur 24, une multitude de services numériques.

Les chinois tablent sur le service à la collectivité locale

Tout récemment, un industriel chinois s’est dit prêt à mettre sur la table 3 milliards d’euros pour rénover l’éclairage public des villes françaises et se rémunérer sur les économies d’énergie. Reste qu’en devenant une antenne de services numériques, il n’est pas certain que la valeur va être sur la lumière. Car il faut croire que le réseau de lampadaires peut jouer un rôle central dans le cadre de la transformation d’un territoire urbain en ville intelligente. Que ce soit pour le transport et la mobilité, la gestion des parkings, des déchèteries, des bâtiments publics et bien d’autres cas, les lampadaires d’une ville peuvent servir de réseau de communication globalisé. Et comme l’explique si bien David Menga, ingénieur-chercheur chez EDF R&D : « On ne voit pas pourquoi, le secteur de l’éclairage public échappera à la disruption par le numérique, comme l’ont été d’autres industries. »

Si elle bouscule les modèles économiques des leaders de l’industrie de l’éclairage, la convergence entre la lumière artificielle et les télécoms fait le bonheur des innovateurs en matière de start up. Certaines voient déjà le jour et se positionnent sur des marchés d’agglomérations. Elles ont consciences que les collectivités locales ont compris qu’il n’y a plus une industrie de l’éclairage dominée par deux ou trois géants européens et asiatiques, mais myriades d’entreprises innovantes aux solutions de lampadaires intelligents plus pertinentes les unes que les autres.