En 2016, les Chambres de commerce et d’industrie vont connaître un nouveau plan social. Et si, après les Conseils régionaux il y a plus de 30 ans, les CCI se trouvaient confrontées, aujourd’hui, à des nouveaux concurrents, les clusters (pôles de compétitivité) et l’accès à l’information par les réseaux numériques ?

En 1599, est née, à Marseille, la première Chambre de commerce de France. L’histoire économique des territoires de France va s’écrire au fil des siècles, des rois, des révolutions industrielles et des cinq républiques…

Plus de quatre siècles après, ces institutions chargées de l’accompagnement entrepreneurial et professionnel se trouvent confrontées à une réalité mettant en doute les activités même de leur cœur de métier : la politique économique sur le territoire, le conseil et la formation. En 1986, lorsqu’à la faveur de la politique de décentralisation, les Régions basculent du statut d’établissements publics à celui de collectivités locales, les CCI voient ces dernières acquérir des compétences en termes économiques et de formation qui allaient mordre sur leur périmètre.

Le numérique bouleverse la relation entre entreprise et Chambre de commerce

Ainsi, s’instaure alors une concurrence régionale entre deux élites, le politique et l’entrepreneur. Le premier s’appuie sur les avis du Conseil économique, social et environnemental régional pour fixer les schémas à moyen et long terme relatifs aux compétences de la Région. Le second représente, auprès de l’État et de ses institutions, l’entreprise locale. Puis survient, à partir des années 90, le numérique qui va bouleverser, par l’accès mondialisé à l’information, la relation de l’entreprise locale aux Chambres de commerce et aux Conseils régionaux.

C’est dans ce contexte que l’avènement en 2004 des pôles de compétitivité ou cluster, dans le cadre « du lancement d’une nouvelle politique industrielle en France », allait bouleverser la hiérarchie pyramidale propre à la tradition des Chambres de commerce françaises, où l’expérience, l’autorité et la maîtrise du relationnel permettaient de dominer, dans un territoire donné, l’évolution entrepreneuriale.

Ainsi, après les Conseils régionaux, les Chambres de commerce se trouvent face à une nouvelle concurrence d’offre de services beaucoup plus redoutable. Car les clusters, qui d’abord fonctionnent avec une philosophie importée, puisque américaine, occupent deux territoires, le physique et le virtuel d’une région, avec comme souci les consolider à travers la notion d’écosystème.

Les Chambres de commerce s’adaptent

Faut-il croire que cet état des choses serait-il bénéfique aux treize nouvelle régions françaises ? En restructurant leurs services, les Chambres de commerce se sont lancées dans des initiatives qu’ils veulent salutaires pour leur avenir. Le conseil et le lobbysme gratuit laissent place à des services commerciaux ; des plateformes numériques de l’innovation voient le jour pour fédérer les entrepreneurs locaux et même des services de financement participatif sont lancés par certaines CCI.

Il reste maintenant aux acteurs économiques, qu’ils appartiennent aux Conseils régionaux, aux Chambres de commerce ou aux pôles de compétitivité, de gagner cette compétition où les entreprises sont à la fois ancrées dans un territoire délimité physiquement et mondialisées par l’accès aux services numériques. Les entreprises peuvent en deux clics connaître ce que propose une Chambre de commerce en Île-Maurice, aux Etats-Unis, au Japon…, où celle de son département, à quelques kilomètres de distance.

L’enjeu est de taille pour capter l’attention des entreprises face à l’abondance d’informations accessibles par les réseaux numériques. Il revient aux Chambres de commerce alors de mesurer l’importance de cette branche des sciences économiques et de gestion qui traite de l’information. Une activité, nommée « économie de l’attention », dont les professionnels, appartiennent dans leur majorité au monde du consulting qu’à celui des Conseils régionaux, Chambres de commerce et pôles de compétitivité.