Le voyage de François Hollande en Inde, début de la semaine dernière, peut augurer de multiples contrats dans le secteur des villes intelligentes pour les entreprises françaises, CAC 40, PME et Start up compris. Il reste à savoir si la diplomatie du Quai d’Orsay, saura profiter de la proximité franco-indienne face aux agressives offres de services chinoises et américaines ?
Durant le séjour de François Hollande en Inde, la presse locale n’a pas été sur la même longueur d’onde que celle de France. Cette dernière a plus traité les grands sujets, tel le contrat des Rafales, alors que la presse indienne a longuement expliqué les accords de partenariat sur le développement des villes intelligentes.
A juste titre, au moment où le Président rentrait à l’Élysée, à New Delhi on annonçait, le lendemain, les noms des 20 premières sur les 98 villes indiennes qui vont bénéficier des investissements, dans le cadre du programme Smart City, du gouvernement Modi. Pour ce chantier du siècle au pays de Gandhi, la compétition entre les collectivités locales candidates est âpre, et il est curieux de voir comment les entreprises françaises se positionnent sur ce marché.
A première vue le mode opératoire français ressemble plus à celui du Japon qu’aux concurrents Allemands, Chinois et Américains. En août 2014, l’Inde et le Japon signe un protocole pour développer la cité mythique de Varanasi, une des plus ancienne cité habitée au monde, en « ville intelligente », avec pour modèle la collectivité de Kyoto et pour promoteur l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
Hollande n’a pas eu les bonnes villes
Lors du voyage de la semaine dernière de Hollande, c’est l’Agence Française de Développement (AFD) qui a signé, pour les rendre intelligentes, les villes de Chandigarh, Pondichéry et Nagpur. Puis, étrangement, ni ces trois villes confiées à l’AFD ni Varanasi qui devrait être développée avec l’aide de la JICA, n’ont été sélectionnées parmi les 20 premières smart city de l’Inde.
Ainsi par la voix des médias, on apprend que les populations et élus de Varanasi, Chandigarh, Pondichéry et Nagpur, grondent de mécontentement pour ne pas avoir été sur la première liste des 20 lauréats. Paradoxalement, la JICA et l’AFD devront attendre encore la sélection de leurs villes partenaires, alors que pour les Chinois, les Allemands et les Américains, ce sont directement les entreprises, avec l’aide de leur gouvernement, qui sont passés à l’action pour promouvoir leur savoir-faire en termes de villes intelligentes.
En octobre dernier, Angela Merkel était venue promouvoir auprès du gouvernement indien le savoir-faire de Siemens qui a constitué, dans le cadre des villes intelligentes, un consortium avec 9 entreprises et 2 établissements bancaire ; ceci sans compter les 1 600 entreprises germaniques, multinationales comme PME, qui gravitent autour du marché indien.
Les Chinois sont rapides en affaires
Les hommes d’affaires Chinois, eux aussi, veulent un gros morceau du marché indien des 98 villes intelligentes. Deux jours avant d’accueillir François Hollande à Chandigarh, ville nouvelle construite par Le Corbusier et capitale de l’État Haryana, le ministre en chef de ce dernier, Manohar Lal Khattar, était dans un hôtel haut de gamme de Pékin, « face à une armada d’hommes d’affaires Chinois désireux d’entrer en Inde » selon presse indienne.
Dans un road show habilement orchestré, et en quelques heures il a été signé six protocoles d’accord, allant des villes intelligentes aux technologies de l’acier. Le ministre en chef de l’État de l’Haryana qui était en escale à Pékin après un voyage au Japon, et de retour chez lui, à Chandigarh, pour accueillir François Hollande, a quitté les hommes d’affaires Chinois avec la promesse d’un premier chèque de 7 milliards de dollars.
Concernant les Américains, il faut attendre le 12 février pour connaitre leurs intentions. Le secrétaire adjoint du Commerce Bruce Andrews sera accompagné par 18 entreprises petites et grandes connues pour leurs performances dans les services dédiés aux villes intelligentes. Il faut croire que le bureau en Inde du Conseil Smart Cities, un organisme américain expert en ville intelligente, a déjà commencé à préparer le terrain.
Pratap Padode, représentant du Conseil Smart Cities à New Delhi, écrit que la première mission de ce dernier, « …est d’éditer le Guide de préparation des villes intelligentes en Inde, afin de permettre aux dirigeants des collectivités locales et aux urbanistes de comprendre le cadre global d’une smart city… ».
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