Système de communication ouvert ou propriétaire, le casse-tête des objets connectés

On nous annonce une révolution civilisationnelle, en 2020, avec l’avènement du dialogue entre les objets dit connectés. Une révolution, certes, mais qui tarde à s’accorder sur la nature de l’outil de communication : doit-il être ouvert ou propriétaire ?

La communication radio longue portée et basse consommation, élément essentiel de la réussite de l’industrie des objets connectés est devenue un casse-tête pour les entreprises. Faire le choix entre la philosophie du monde du logiciel, c’est-à-dire opter pour un système propriétaire, ou bien s’intégrer au mouvement de plus en plus majoritaire de l’open source, découvert avec l’avènement du réseau des réseaux, le web. Jouer la sécurité économique avec le premier ou être assuré d’une grande interopérabilité avec le deuxième.

Les protocoles qui aujourd’hui se bousculent sur le marché en devenir des objets connectés, créent la confusion chez les acteurs du secteur et par extension auprès des clients. Alors que la plupart des opérateurs télécoms ont fait le choix de s’adapter à la nouvelle économie et s’inscrire dans le futur réseau 5G, à la configuration ouverte et interopérable, certains industriels, notamment du secteur des équipements et de la production énergétique, résistent à une telle fatalité, celle de la mise en commun de savoirs et d’innovations technologiques.

Pourtant, Bruxelles a, dès 2010, alerté sur les risques de ne pas s’adapter à la philosophie des protocoles ouverts. A l’époque, dans une fameuse intervention au titre révélateur : « Une technologie propriétaire est un gaspillage financier », la commissaire européenne chargée de la société numérique, Neelie Kroes, sonnait l’alarme : « Beaucoup d’institutions se sont retrouvées enfermées des dizaines d’années dans des technologies propriétaires par inattention. Dépassé un certain stade, ce choix originel devient tellement enraciné que les alternatives sont systématiquement ignorées, quels que soient leurs bénéfices potentiels. C’est un gaspillage de l’argent public que beaucoup d’organismes publics ne peuvent plus se permettre ».

Certes, l’ex-commissaire visait surtout les institutions publiques, mais il serait anormal, au moment où l’autorité européenne défend un vrai projet de standard de communication qui fera dialoguer les objets de 743 millions  d’européens, de voir persister sur le terrain industriel, des petites guéguerres entre star up innovantes et appartenant à deux clans, les pro et anti système ouvert. D’autant que le nerf de la guerre en matière d’objets connectés, selon Martin N. Baily, ancien conseiller économique du président Bill Clinton et James Manyika directeur de McKinsey Global Institute, c’est l’interopérabilité : « Nous avons en fait estimé que 40% de la valeur économique potentiel de l’Internet des objets dépendra de l’interopérabilité. Pourtant une partie des éléments de base de cette interopérabilité font encore défaut. Deux tiers des objets qui pourraient être connectés n’utilisent pas des réseaux IP standard ».

Ainsi, alors que, sur le front du système de communication, les « pro-ouvert » et les propriétaires s’écharpent à qui va imposer son concept, du côté des objets connectés eux-même on s’interroge sur la sécurité. Car il est un fait, 75% des objets connectés utilisent un moyen de transport non crypté. Il est clair que le secteur des objets connectés cherche encore son modèle.

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