Les écosystèmes des marchés financiers vont-ils résister à la dématérialisation des services bancaires ? La montée en puissance ces derniers mois des solutions FinTech soulève une des questions essentielles de l’avenir et de la reconfiguration des places financières.
Londres, New York, Tokyo, Francfort et Singapour…, sont les villes mondiales qui trustent les classements de la finance planétaire. Jusqu’à quand ces écosystèmes qui se sont bâtis autour d’une bourse, un marché monétaire, un autre pour le change et des établissements bancaires à foison, continueront-ils à donner le la de l’économie mondiale? Jusqu’où seront-ils impactés par le numérique lorsque même dans les milieux de la finance, on prédit que la disruption sera beaucoup plus profonde dans le secteur bancaire que dans l’énergie et le sécuritaire ?
Si nous observons sur le réseau des réseaux, les réflexions qui se multiplient au sujet des FinTech, il est bien intéressant de voir qu’il se dégage deux tendances concernant l’avenir territorial des places financières. Il y a effectivement les professionnels des marchés qui ne voient pas l’avenir de leur métier en dehors de la City et du quartier d’affaires Canary Wharf à Londres, de Wall Streets à New York, de la Défense et du VIIIème et IXème arrondissement à Paris. Mais, il y a les nombreux nouveaux arrivants sur le secteur à la faveur de la mutation technologique du monde bancaire.
Dans une analyse, le professeur Woo Jun Jie (1), enseignant des sciences sociales à Nanyang Technological University, affirme que Singapour, actuellement 4eme place financière mondiale, bénéficie déjà d’un environnement qui, s’il est utilisé à bon escient, fera de l’archipel un modèle de marché bancaire numérisé. Tout cela grâce déjà, à un écosystème dynamique de banques, d’entreprises de technologie et de clusters qui réunit la fine fleur des universités et instituts mondialement reconnu comme Berkeley University, le MIT, Cambridge University et Zurich….
Pour Woo Jun Joe, si Singapour a l’ambition de rester dans le peloton de tête des places financières mondiales, il serait nécessaire « d’avoir une plus grande attention aux deux moteurs de la réussite financière dans le futur : la technologie financière (« FinTech ») et la gouvernance financière (« FinGov ») ».
Ainsi, le professeur asiatique inscrit la réussite d’une place financière dans la gouvernance politique d’une ville, d’un État. Il prend comme exemple, les récents changements gouvernementaux à Singapour qui sont les indices d’une volonté de lier le fonctionnement de la place financière de l’archipel à la gouvernance économique globale.
Tout cela mène à une ambition, celle d’une fusion de la technologie financière (« FinTech ») et de la gouvernance financière (« FinGov ») afin que Singapore accède à un avantage comparatif, celui de devenir le premier « centre financier intelligent » du monde, régit par une « réglementation intelligente ».
Ainsi, face au risque de déterritorialisation numérique comme le conçoit le philosophe Fred Poché, l’idée pour une place comme Singapour, ne serait pas de rivaliser avec d’autres centres financiers comme New York et Londres, mais de se positionner sur un simple créneau, celui de l’innovation et cela en connexion avec les autres marchés financiers asiatiques.
(1) « How Singapore can stay ahead as a financial hub », de Woo Jun Jie, dans le The Malaysian Inspirer.