La convergence énergie/numérique bouleverse des habitudes immuables dans certaines industries. La filière électrique en premier, qui n’échappe pas à de telles mutations, se cherche un avenir. Passage en revue d’un état d’esprit.

Une certaine atmosphère s’est installée depuis quelques mois dans le monde de l’équipement électrique. Celle qui consiste à prévoir une année 2016 de tous les dangers. Une année terrible en termes de déficit qui nécessairement a obligé tout équipementier qui se respecte de faire un tour de vis sur les budgets.

Pourtant, au même moment où les décideurs de l’élec anticipent une année 2016 catastrophique pour leur chiffre d’affaires, ils affirment n’avoir jamais été dans la situation d’être incapable de faire des prévisions ; certains patrons ont été jusqu’à avouer n’avoir jamais connu une telle incertitude sur l’évolution des marchés.

Cette communication troublante, où à la fois on ne voit pas l’avenir et à la fois on annonce une année 2016 déficitaire, révèle-t-elle une autre réalité ? Celle de la transformation actuelle et profonde des industries de l’équipement électrique.

Du passage d’un monde immuable où EDF produisait et distribuait l’électricité, les équipementiers fabriquaient les produits, les distributeurs les vendaient et les installeurs équipaient les bâtiments… à un monde où à la faveur de la convergence énergie/numérique, ce schéma traditionnel est bouleversé par la montée en puissance du logiciel comme acteur majeur de la production, distribution et installation des équipements électriques.

Des équipements qui au fil du temps deviennent intelligents, interconnectés et nécessitent l’ouverture de la filière électrique aux industries des télécoms et du logiciel. Ainsi, l’atmosphère morose dans la filière n’est pas une insatisfaction, mais le résultat d’une frustration due, à devoir, en permanence naviguer à vue, au jour le jour, pour comprendre et observer comment la filière électrique va se reconfigurer.

L’évènement Interclima-Elec organisé tout les deux années dans le cadre du salon BATIMAT, est une bonne illustration de cette quête de l’avenir de la filière électrique.

Un rendez-vous où l’on retrouvera, la semaine prochaine, autant des électriciens, des techniciens des télécoms que des éditeurs ou agrégateurs de logiciels… qui chacun avec ses solutions se présentent comme l’indispensable acteur de la future filière électrique connectée.

Enfin, on ne peut pas parler d’insatisfaction et d’une future année 2016 morose pour la filière électrique au moment où trois événements viennent en ce mois d’octobre révéler au grand jour la formidable mutation des industries de l’équipement électrique.

Le premier est la tenue dans notre pays de la COP21 qui sera l’opportunité pour l’industrie électrique française de montrer un visage plus tournée vers l’innovation et la croissance verte, qu’enfermé dans les débats sans fin de l’avenir du nucléaire.

Le deuxième, c’est la diminution continuelle des coûts d’installation des équipements de l’énergie solaire qui n’ont plus rien à envier, aux autres sources de production d’électricité. Une mutation vers les énergies renouvelables qui donne la possibilité au particulier français, d’accéder à un statut de consom’acteur.

Le troisième est une réalité politique au symbole très fort. La France connaît une multiplication de projets dans le secteur des smart grids, avec une prise de conscience forte des collectivités locales. Une véritable décentralisation de l’accès aux réseaux électriques intelligents qui permettent un véritable rééquilibrage, du territoire en matière d’énergie.