Dans l’agitation des transitions énergétiques et numériques, l’anniversaire des épousailles des industries électrique et électronique ne peuvent laisser indifférent. Surtout à un moment où  l’avenir des deux filières est en jeu.

Il y a 40 ans, le 1er juillet 1975, le Syndicat Général de la Construction Electrique (SGCE) et la Fédération Nationale des Industries Electroniques (FNIE), s’unissaient sous une même bannière la FIEE (Fédération des Industries Electriques et Electroniques).

Il fallait attendre 1990, à la veille de la révolution technologique, pour que le « C » de communication doit rajouté à l’enseigne, la FIEE devenant la FIEEC. Avec la montée en puissance du numérique qui a révolutionné totalement les industries de l’électrique et de l’électronique, des syndicats de la Fieec se sont regroupés, d’autres sont partis pour d’autres horizons.

Pourtant, à lire le document « Une histoire d’avenir », édité à l’occasion de cet anniversaire, Pierre Gattaz, ex-président de la FIEEC et aujourd’hui à la tête du Medef, rappelle un sondage récent, « le digital n’est une priorité que pour 8 % des entreprises industrielles française ». Ainsi, c’est dans cet univers que la FIEEC s’attache à mener conjointement les transitions énergétiques et numériques. Évidemment, si la Fédération a inscrit son anniversaire dans une histoire tournée vers l’avenir, il est certain que celle de la filière électrique tire sa noblesse de deux dates historiques : 1879 et la création de la Chambre Syndicale de l’Electricité, par Pierre Guichard, de la célèbre Société d’éclairage Jablochkoff, 1881 et l’organisation par Georges Berger, de la première exposition internationale à Paris dédiée à l’électricité et la fondation du Congrès des électriciens.

Dans une fédération industrielle regroupant 26 syndicats et groupements, c’est-à-dire autant de filière à plusieurs métiers, écrire son histoire c’est écrire des portraits de femmes et d’hommes qui à un moment donné ont été des leaders portés par l’innovation industrielle en phase avec la transformation de la société civile.

On peut dire qu’Auguste Detoeuf, fondateur d’Alstom, en 1928, avec le mariage de la division constructions électriques de Thomson-Houston et de la Société alsacienne de constructions mécaniques, reste une figure emblématique de l’industrie française de l’entre-deux guerres.

Président du Syndicat général de la construction électrique, de 1936 à son décès en 1947, son action patronale n’était pas uniquement inscrite sous la forme du lobbyisme et de la communication institutionnelle. Homme de savoir et d’écriture, il a milité pour le rapprochement entre le monde patronal et ouvrier par la création de la revue Les Nouveaux Cahiers, comme il a laissé un ouvrage de référence : « Propos d’O.L. Barenton, confiseur, ancien élève de l’École polytechnique ». Livre où avec des aphorismes et beaucoup d’humour, il donne l’avis d’un patron sur la société et cela sans détour.

A travers la FIEEC, durant un siècle, on voit un cheminement du syndicalisme patronal qui s’organise au fil des innovations et du développement des nouvelles industries. Si 50 % de la fibre optique qui équipe l’Europe, est fabriquée en France, il y a bien un passé qui commence, pour certaines entreprises, dans la fabrication des câbles électriques avant de donner des fleurons pour acheminer des réseaux de télécom.

En ce sens, le Sycabel, le représentant des câbliers né en 1917, est autant une histoire passionnante du transport de l’électricité, du téléphone qu’un acteur majeur de l’accès à la puissance numérique par l’installation de la fibre optique à travers les territoires, en France comme dans le monde.

A l’heure des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou l’émergence d’un univers d’entreprises numériques mondialisées sans conscience collective et à vocation filière, écrire son histoire, revient à consolider sa culture industrielle propre et cela ne peut prendre forme qu’à la condition d’une relation forte avec des auteurs de l’écrit, gage d’un savoir-faire en termes de narration et de récit.