La France avance dans la transition énergétique avec des doutes quant à la pédagogie nécessaire face à un tel rendez-vous. Doit-on laisser aux générations futures une histoire énergétique écrite uniquement à coup de plans médias et de communiqués succincts ?
Comme Rome ne s’est pas faite en un jour, il est bien clair que nos villes ne se sont pas électrifiées en un jour et ne deviendront pas Smart Cities en une journée. Pourtant, Rome comme l’électricité dans nos villes ont bien eu des narrateurs, des vulgarisateurs capables d’avoir les bons mots pour tout à la fois décrire scientifiquement une réalisation et faire rêver à propos de ses effets.
Les communiqués de presse ont remplacé les articles de vulgarisation
Ainsi, quelques mois avant la première exposition internationale de l’électricité en août 1881 à Paris, Édouard Hospitalier, un des premiers journalistes du sujet lançait son journal l’Électricien avec cette introduction aux lecteurs : « Électricien sera tout à la fois, organe de la science pure et de la science appliquée. Il discutera les travaux de recherches, exécutés en France ou à l’étranger, et fera connaître toutes les applications nouvelles ; il recueillera les renseignements pratiques les plus complets et les informations les plus précises ; il analysera les revues étrangères et compulsera les brevets d’invention, de telle sorte que rien de ce qui se rattache à l’électricité n’échappera à ses lecteurs ».
Un tel programme fera pâlir bien des revues et magazines spécialisés, sinon la profusion de sites web et blogs d’experts de notre époque. Tant la diffusion d’informations au sujet de la science pure et de la science appliquée surpasse les éventuelles rivalités corporatistes, entrepreneuriales et administratives… Il est bien évident que si on compare la fin du XIXe siècle à aujourd’hui, les innovations électriques étaient portées par des publications de vulgarisation scientifique lorsque les offres industrielles d’aujourd’hui se font connaître par l’entremise de services, agences de Com et autres communiqués de presse.
Une transition énergétique sans reportages
Ces derniers et la conférence de presse sont devenus des points dominants de l’information autour des produits et systèmes liés à la transition énergétique. Mais à cela il y a un revers de la médaille, si on voit bien un produit et une offre à la lecture d’un communiqué de presse ou bien à l’écoute dans une conférence de presse, on ne découvre une réalisation (ou un écosystème lorsqu’il s’agit de smart grids) en fonction que sur le terrain auquel elle est destinée.
Cela amène à la situation cocasse qu’à ce jour il est rare de lire une description de smart buildings, de smart grids et même de smart cities en fonction. Ainsi, dans le cadre de l’actualité liée à la transition énergétique, il est rare de découvrir en France et ailleurs des innovations en situation, décrites avec précisions et des arguments quant à leurs apports dans un futur proche.
C’est pour cela qu’il y a doute au sujet de notre actuelle mutation énergétique et numérique. Surtout à la lecture des journaux scientifiques et industriels de la fin du XIXe siècle. Il faut lire le journal « Lumière électrique" du samedi 8 septembre 1883, pour comprendre la crise actuelle à transmettre des connaissances technologiques. À l’époque, on pouvait lire un long article avec pour titre « les réseaux téléphoniques en Suisse », qui permettait avec précision de comprendre comment nos voisins helvétiques entraient dans l’ère de la communication filaire.
Abonnez-vous à la Newsletter
Ne manquez rien de la veille internationale et recevez chaque semaine des infos, conseils et plus encore.