Aux Etats-Unis, face aux hésitations du gouvernement, certains maires prennent les devants et se tournent vers les énergies renouvelables. Un modèle à appliquer en France ?

En mars 2013, Lancaster, en Californie, est devenue la première ville des États-Unis à exiger des panneaux solaires pour toute nouvelle construction. Tout cela préfigure la montée en puissance d’élus locaux qui devant les hésitations des gouvernements à offrir une politique énergétique d’anticipation, préfèrent prendre les devants, aidés en cela par des technologies accessibles.

Le métier de maire n’est pas facile. Certes, il a des pouvoirs, notamment celui d’autorité policière, mais aussi des devoirs qui peuvent à tout moment le mettre personnellement en difficulté. Ainsi, dans le cadre des délibérations, il peut être poursuivi pour tout projet, action, initiative qui tourne mal.

Avec l’avènement de solutions technologiques de plus en plus pertinentes et nombreuses concernant l’énergie, le maire se trouve devant une nouvelle réalité. Il a de plus en plus en main des possibilités pour configurer une production et une offre énergétique originale en phase et à l’identité de son propre territoire.

Le photovoltaïque dépend du ministre

Si à deux semaines du Salon des Maires, la loi sur la transition énergique et l’administration chargée de sa mise en œuvre continuent à occuper le devant de la scène et à définir les règles, aux États-Unis il y a bien un moment où l’évolution climatique et énergétique s’inscrit dans une véritable compétition entre collectivités, entre villes. Ici en France par exemple, le secteur photovoltaïque actuellement poussif, « dépend du bon vouloir d’un ministre sans tenir compte du besoin de visibilité et de régularité nécessaire au développement économique d’une filière et de ses entreprises, dixit Daniel Bour, vice-président de France Territoire Solaire.

Aux États-Unis fin mai dernier, l’actrice Daryl Hannah et l’environnementaliste Diane Moss ont souligné dans le Walt Street Journal : « Alors que nos fonctionnaires fédéraux pataugent dans la peur et les blocages partisans, les élus locaux à travers le spectre politique prennent le défi de briser la dépendance aux sources d’énergie conventionnelles, et la libération de leurs collectivités au travers des technologies d’efficacités et des énergies renouvelables ».

Cela donne des success story énergétiques, à l’exemple de Lancaster, la ville de John Wayne, Judy Garland et Frank Zappa, dont le maire R. Rex Parris, expliquait au printemps 2013 au New York Times, qu’il « peut-être républicain, mais qu’il n’est pas ». Cet avocat qui vient d’équiper, fin octobre, le Musée d’art et d’histoire de Lancaster d’un système de stockage d’énergie afin d’alléger la demande d’électricité au moment de la pointe, se permet dans ses déclarations de se positionner comme un maire-compétiteur et non pas un simple politique, gestionnaire d’une collectivité. D’autant que sa compétition ne s’arrête pas au territoire californien, lorsqu’il déclare « la Silicon Valley a les nouvelles technologies, Londres et Hong Kong la bourse, Lancaster aura l’industrie énergétique ».

Les mairies doivent-elles s’équiper de R&D dans le secteur de l’énergie

Aux États-Unis, il y a aujourd’hui autant de diversités de projets, de défis municipaux autour de l’énergie que de situations territoriales. Dans le Kansas, la ville de Greensburg a été détruite par une tornade en 2007. Aujourd’hui, son maire Bob Dixson sillonne les États-Unis pour raconter comment il a relevé le défi énergétique d’utiliser le vent grâce à un parc éolien et assurer non seulement les besoins énergétiques de ses administrés, mais aussi fournir l’énergie excédentaire aux localités voisines. Sur l’ile d’Hawaii, dernier des États à rejoindre la fédération en 1959, le maire Billy Kenoi s’est attaqué à la question des déchets pour pouvoir faire un exemple de son ile en matière de transformation énergétique et récupérer les terrains des déchèteries.

Ainsi, si les exemples américains et de certains pays du nord de l’Europe tendent à indiquer qu’il n’est pas nécessairement efficace que les transitions énergétiques soient menées par les administrations étatiques au détriment de celles des collectivités locales, ils donnent tout de même un vrai éclairage sur le rôle prééminent de la fonction de maire sur le sujet. On pourrait même s’interroger. Les collectivités locales, municipalités, communautés de communes, n’auraient-elles pas intérêt à se doter de département R&D pour développer des solutions, voire les commercialiser ? Certaines commencent à y songer.