Lors du sommet « The 2014 Urban Age Conference » de mi-novembre qui réunissait les experts de la gestion urbaine à New Delhi, puis lors du Salon des Maires à Paris il y a deux semaines, l’idée que la commune numérisée devient un espace souverain s’est dégagée comme tendance forte. Explication.
C’est une nouvelle réalité, où la réussite, en termes d’offres de services, repose sur la qualité de gouvernance et non sur celle des moyens. Que ce soit pour Paris ou un village de la Meuse, la capacité du premier élu à avoir une vraie vision et à se battre pour transformer sa commune en territoire numériquement intelligent devient l’élément essentiel du succès d’un mandat municipal. À juste titre, même si plus de la moitié des Français passent plus de temps sur leurs mobiles que sur un ordinateur fixe, le point de connexion centrale reste celui du domicile, c’est-à-dire sur le territoire communal de là où on habite.
On parle de Smart Buildings, Smart Districts, Smart Cities, mais jamais de Smart Department ou de Smart Country. Comme si les infrastructures numériques ne peuvent pas façonner des territoires intelligents au-delà de l’espace communal. Tous les maires de France ne sont pas conscients du pouvoir que leur apporte la digitalisation de leur territoire communal. Le petit nombre d’élus qui par contre sont impliqués, y voit déjà tout le bénéfice qu’ils peuvent en tirer, dans une sorte de compétition numérique entre collectivités locales.
Dans un pays qui, au fil des siècles, s’est construit sur la base d’un centralisme aux routes qui convergent toutes vers un seul point, Paris Capitale, la révolution numérique favorise l’émergence de mosaïques de territoires intelligents, dont ni les infrastructures, ni la superficie, ni le nombre d’habitants ne constituent l’excellence. Cette excellence va dépendre de l’ingéniosité du maire à innover dans des services disruptifs à destination et en partenariat avec ses administrés.
Ainsi, l’esprit collaboratif du territoire communal intelligent remet en cause le circuit pyramidal institutionnel traditionnel allant de la mairie au conseil régional. Si une commune du Limousin de 800 habitants peut bénéficier de l’expertise et de la vision d’un ingénieur à la retraite, elle a beaucoup de chance de devenir un exemple de bonnes pratiques en services intelligents.
D’autant que les professionnels de l’aménagement et des Smart Solutions adaptent leurs services plutôt qu’ils ne les imposent, afin de tenir compte des particularismes sociaux, environnementaux, culturels des sites à équiper. Des spécialistes des villes intelligentes, tel l’urbaniste américain, Adam Greenfield, invitent les collectivités à la prudence face à ceux qui prônent le tout numériquement intelligent, sans prendre en compte la diversité des territoires et leurs besoins réels.
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