Un marché qui ne décolle pas, un modèle de recharge encore incertain, une capacité d’offre électrique encore introuvable : le véhicule électrique finira-t-il par s’imposer ?

Il n’y a pas que le secteur du bâtiment qui est en crise face à la mutation technologique. Celui de l’automobile est aussi dans l’incertitude totale. Tout d’abord, il y a cette hantise de voir les géants du web à l’esprit ubiquitaire, s’imposer comme acteur principal de  la voiture de demain , en tirant la valeur vers les composants, les logiciels et la gestion de données.

Sans compter l’incertitude à propos de l’énergie la plus efficace pour faire tourner le moteur, électrique ou pétrole. Enfin, vers quels besoins va évoluer l’utilisateur dans un environnement où l’intelligence via les réseaux de communications et les capteurs sera (peut-être) un des maillons essentiels de la mobilité, en milieu urbain comme en milieu rural ?

Elle avait déjà échoué

Des économistes qui ne sont pas réfractaires à l’innovation technologique rappellent l’échec de la voiture électrique, il y a juste un siècle, alors qu’elle avait l’attention de tous. Et de pointer l’arrivée sur le marché, en 1908, de la Ford Model T à essence qui allait faire la différence sur cinq segments essentiels du transport automobile : la question de la faible autonomie, la vitesse trop basse, le manque de puissance, la disponibilité du pétrole et enfin, le prix trop élevé. S’ensuit un déclin du véhicule électrique à partir de 1920 qui ne sera jamais rattrapé.

Ainsi, même la suggestion en 1966 du Congrès américain en faveur de la construction de véhicule électrique afin de contrer la pollution de l’air, suivi du choc pétrolier de 1973 et de l’augmentation du prix de l’essence, rien ne fera revenir au premier plan la voiture verte. C’est à la lecture de ce passé que certains experts croient que la voiture électrique ne peut pas bénéficier de la transition énergétique. Mais, si la deuxième révolution industrielle a favorisé l’essor de la voiture à pétrole, grâce à l’architecture d’infrastructures routières munie de stations d’essence réalisées comme un gant pour celle-ci, ne peut-on pas imaginer que la troisième révolution industrielle sera le complet costume du véhicule électrique ?

La voiture électrique de demain aura un écosystème intelligent

Prenons un exemple concret, celui de Jacques, habitant en bordure de forêts dans un village à l’ouest de Paris. Il vient d’acheter une voiture électrique française et s’est installé une prise de charge à domicile. Il ne croît pas à l’analyse des économistes septiques et ne comprend pas pourquoi les Français ne le suivent pas dans cette révolution qui a pour premier effet la fin de la dépendance des automobilistes des stations de services et leur attachement définitif à leur habitation.

Ainsi, tout naturellement, la voiture de Jacques se nourrit à la même énergie que sa cafetière, son éclairage, son rasoir et autre. Alors, on pourra dire que le véhicule électrique d’aujourd’hui n’a aucun rapport avec celui d’il y a un siècle, puisqu’il sera à la faveur de la révolution digitale, intégré dans un écosystème numériquement intelligent.

Un écosystème intelligent, voilà ce que les experts sceptiques n’ont pas intégré à la donnée du véhicule électrique d’aujourd’hui qui par ailleurs n’échappe pas à la multiplication par deux tous les 18 mois de la puissance informatique, défini par la fameuse loi Moore. Une loi Moore qui, sur la voiture électrique, agit sur la réduction du coût kilométrique. De facto, il est impossible d’imaginer notre mobilité de demain, comme il était improbable il y a 20 ans que la WiFi révolutionne notre modèle d’accès à la communication.