L’industrie électrotechnologique française ne doit penser qu’à ça ! La « 21ème Conférence Climat 2015 » qui se tiendra à Paris à la fin de la saison, sera un rendez-vous essentiel, et elle n’aura pas d’autres choix que de montrer un certain esprit d’innovation, en phase avec les ruptures actuelles dues à la convergence énergie-numérique, afin de redonner un élan de conquête au secteur.
Lors des Assises de la Fédération des industries électrique et électronique qui se sont tenues fin novembre dernier à l’Assemblée nationale, l’ex-ministre de l’Economie, Thierry Breton, a été très en verve pour expliquer la succès story de son entreprise (Atos) qui a doublé, entre 2008 et aujourd’hui, son effectif, à plus d’une centaine de millier de salariés à travers le monde. L’ex-ministre a insisté sur le changement de paradigme qui actuellement ne laisse aucune chance à ceux qui persistent à résister aux mutations technologique et aux changements de mentalités dans les entreprises. Pour preuve, il prend l’exemple d’étudiants autrichiens qui ont commencé par collaborer avec Atos, avant de se voir mis en partenariat direct avec le client Renault. Thierry Breton est catégorique, si on résiste à l’environnement collaboratif et à la notion d’écosystème, l’industrie électrotechnologique risque d’être balayer du jour au lendemain.
Vers des synergies mondialisées
Comment les entreprises souvent centenaires et leaders de leur secteur, celui de l’équipement électrique, peuvent s’articuler avec des sociétés du numérique en pleine croissance. C’est tout le secret d’une alchimie qui doit se réaliser positivement. Ce qui est nouveau, c’est de voir des rapprochements entre équipementiers, souvent français, et des leaders du software, souvent américains. Comme si la période durant laquelle les entreprises françaises faisaient leurs emplettes de sociétés numériques était révolue. On passe à des synergies mondialisées sur tel ou tel secteur de la convergence énergie numérique. Il y a l’exemple de la maquette numérique du bâtiment qui ne semble pas être uniquement l’apanage des bureaux d’architectes et ceux de l’ingénierie. La maquette numérique, dite BIM (« Building Information Model »), devrait nécessairement mettre à jour de nouveaux acteurs, de nouvelles relations contractuelles autour du bâtiment. Le prochain salon BIM World fin mars du devrait donner la tendance de ce nouveau marché révolutionnaire et une idée de l’engagement de la filière électrotechnologique.
En décembre prochain, le rendez-vous, sur le site Paris-Bourget, pour la Conférence Climat 2015, la présidence française a fait le choix d’un thème, celui d’un « Agenda de solutions ». Il va s’en dire que le monde de l’entreprise est très attendu, afin de proposer les perspectives et stratégies industrielles qui vont permettre « …un échange de bonnes pratiques, de transfert de connaissance et des technologies nécessaires à une transition vers des économies bas carbone… » dixit le gouvernement français.
Intégrer la vision des acteurs du numérique
Comment la filière électrotechnologique française répondra à ce défi ? Son document stratégique, édité fin novembre et qui met l’accent sur 10 principes directeurs et 5 enjeux majeurs qui sont au cœur des 34 plans de la « Nouvelle France Industrielle » lancé le 12 septembre 2013 à l’Elysée par le président de la République, suffira-t-il pour marquer la Conférence Climat 2015 ? Le défi est majeur d’autant que de nouveaux entrants dans cette industrie, principalement des professionnels appartenant à l’écosystème du numérique qui ne s’embarrassent pas de vouloir imposer à la filière électrotechnologique, leur propre vision des choses. Pour exemple, la tribune publiée ces derniers jours sur « Le Cercle » de Tien Tzuo, fondateur et pdg de Zuora, start up californienne crée en 2007, aujourd’hui leader mondial des solutions de la consommation par abonnement et à l’usage. Dans une réflexion au sujet des objets connectés, ce sino-américain, diplômé en génie électrique à l’Université de Cornell de l’état de New York, alerte les entreprises, sur là où se trouve réellement la valeur monétaire dans ce nouveau marché : plutôt dans le service que dans le produit lui-même.
Comment l’industrie traditionnelle de l’électrotechnologie saura intégrer, sinon composer, avec ces nouveaux entrants venant du monde numérique ? C’est certainement le grand défi à ne pas négliger lors de la « 21ème Conférence Climat 2015 ».