Le futur énergétique européen est dans l’impasse. On le voit à des politiques sans ambition par manque de vision et de moyens (crise économique oblige). On le voit aussi à la multiplication de solutions industrielles qui n’ont pas de marchés. Allons-nous vers une bulle énergétique ?
On parle de plus en plus de réseaux intelligents (smart grids), les salons qui leur sont dédiés se multiplient, les industriels et experts du domaine affirment à qui veut l’entendre que le moment est celui du passage de l’expérimentation au déploiement. D’autres sont plutôt sceptiques. Les uns constatent que, sous le joug de la crise économique, les industriels se trouvent contraints d’innover avec des offres de solutions sans avoir au bout des marchés.
D’autres remarquent qu’à la faveur de la convergence énergie/numérique, des start-ups et autres entreprises venant d’horizon divers, se mettent sur le marché des smart grids avec des produits sans résultat d’offre finale. Réalité récemment constatée pour ces produits, par un commercial d’un fabricant d’éclairage. « J’ai visité dans un salon le stand d’un fabricant de logiciels pour l’efficacité énergétique. Lorsque j’ai abordé la question du pilotage de l’éclairage, ils avaient l’air perdu ».
La bulle énergétique pointe son nez
Côté politique, on n’a jamais autant discouru sur le thème de l’énergie et de sa transition. Mais il semble que les décisions prises, à l’exemple de la Réglementation Thermique (RT) 2012 en France ou de l’arrêt sur le champ de la production nucléaire en Allemagne, ne soient pas toutes annonciatrices d’un futur énergétique européen radieux et en phase avec les exigences climatiques. Car plus le temps passe, plus la pression se fait sentir.
Les Européens voient de plus en plus, à l’horizon du Vieux Continent, une augmentation drastique du prix de l’électricité. Et c’est là où la bulle énergétique pointe son nez avec des industriels qui expliquent que les expérimentations sont toujours en cours, et des politiciens qui empilent des réglementations qui n’arrêtent pas l’envolée des prix de l’énergie.
Le client final en dernier recours
Ces dernières semaines, les professionnels des réseaux intelligents en viennent à souhaiter « la naissance d’une demande sociale » autour de leurs offres industrielles. Il faut pour cela que le client final commence à prendre conscience de l’émergence d’une nouvelle civilisation, où l’élément gestion intelligente de ses données devient le centre névralgique de sa consommation énergétique. Pourquoi, fallait-il attendre jusqu’à maintenant pour se poser la question de l’implication de celui qui est le plus concerné par les réseaux intelligents ?
Comment allons-nous lui faire admettre que chaque action de sa part, dans son chez-soi, devient de facto une information qui sera transmise à des réseaux intelligents ? Qu’est-ce qu’il a à gagner, clairement et simplement, avec les smart grids ? Pourquoi doit-il supporter la gestion d’une supposée pénurie des énergies, alors que celles-ci abondent : hydroélectricité, énergies fossiles (nucléaires, charbon, pétrole, gaz, bois, algues, biogaz, compost méthanisation, etc.), piles à combustible et hydrogène, air comprimé, éolien, hydrolien et photovoltaïque, ou encore isolation thermique et régulation ?
La transition énergétique en manque de pédagogie
Tout cela démontre que sur la question d’une gestion intelligente des énergies et des réseaux énergétiques, politiciens et industriels européens sont relativement perdus, et préfèrent anticiper des solutions, des besoins et des objectifs (climatique), sans associer par la pédagogie et la réflexion le citoyen européen lambda. Quelle sera la réaction de ce dernier ? Voilà une interrogation sur laquelle on sera peut-être bientôt fixé, du moins en France, avec la présentation de la loi sur la transition énergétique par Ségolène Royal.
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