À l’heure des débats autour de la sécurité des communications et du transport numérique des données, des travaux sont en cours et pourraient déboucher sur une émancipation européenne.
Émile Mercet aurait été fier d’une telle découverte qui aurait, entre autres, pour effet de sécuriser les communications des concitoyens européens. Lui, le banquier, fils de domestique, qui, parti de rien, allait, en 1893, diriger l’ancêtre de Thales, la Thomson française. Cette dernière, il l’avait chipé aux Américains pour l’intégrer, via les métiers de l’électricité, dans le creuset des industries hexagonales. C’était l’époque faste de l’économie française, au tournant de deux siècles.
On pense bien qu’aujourd’hui, Angela Merkel serait ravie de connaître le destin d’Émile Mercet. Surtout, de voir un remake de la Thomson version réseau numérique à l’échelon européen. Il pourrait s’incarner dans les travaux du projet CORASMA, pour Cognitive Radio for dynamic Spectrum Management, un programme réalisé dans le cadre de l’agence européenne de défense (AED) destiné à mettre en œuvre, et à des fins militaires, une solution pérenne et européenne des réseaux des armées du futur.
La radio cognitive permettra à la prochaine génération de téléphones d’ajuster (potentiellement de manière collective) de façon autonome leurs paramètres en fonction de l’environnement. En particulier, elle devrait permettre pour une certaine période de résoudre les problèmes de pénurie de fréquences auxquels militaires et civils sont confrontés.
La brutale prise de conscience européenne face aux écoutes et consultations de données, par le renseignement américain, nous invite à des questionnements sur la capacité du Vieux Continent à l’innovation, en termes de communication sécurisée, alors que nous sommes déjà, depuis une vingtaine d’années, sur les autoroutes de l’information.
Il semble que Thales ait pris le sujet à cœur en réunissant, autour des questions liées à la radio cognitive, des fleurons de la recherche : la Chaire Alcatel-Lucent de Supélec sur le Saclay, l’Institut Fraunhofer et l’Institut de technologie de l’Université de Karlsruhe, l’université de Bologne, mais aussi des entreprises phares des industries de l’électronique européenne, à l’exemple du Polonais Radmor, de l’Italien Selex ES et du Suédois Saab.
Et là, on peut penser que les travaux du projet CORASMA pourraient déboucher sur des solutions de souveraineté européenne. Des défis, certes liés au contexte militaire, mais qui sont en mesure de répondre à nos besoins actuels de s’émanciper de l’emprise américaine sur les réseaux Internet.
Présentée comme possible mode de télécommunication du futur, la radio cognitive permet à des téléphones sans fil de communiquer entre eux et de s’adapter de manière autonome à toute fréquence et à tout environnement, par la magie de l’intelligence artificielle. On pourrait s’attendre alors, à voir l’Europe à nouveau leader du téléphone mobile et Angela Merkel s’entretenir en toute sécurité avec ses interlocuteurs européens comme internationaux.
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