(12 mai 2014) L’Algérie qui a un ministre de l’enseignement supérieur, docteur d’État en physique des semi-conducteurs, peine à créer des liens forts avec les plus illustres de ses scientifiques dans le monde. L’absence de ministre des Algériens à l’étranger dans le nouveau gouvernement du 4e mandat de Bouteflika accentue l’incompréhension et l’amertume de cette élite.
La contribution ici même mi-avril de Jean-François Fiorina (directeur-adjoint de Grenoble École de Management), avec pour titre » a eu beaucoup de succès. Un succès obtenu auprès d’une communauté qui peine à être entendue par le pouvoir dans leur pays d’origine. Ce sont les milliers de scientifiques et universitaires algériens à travers le monde, reconnus pour leur excellence dans les laboratoires des campus et grandes écoles de France, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, des États-Unis…, et jusqu’en Chine et en Inde, mais qui peine dans leur domaine de recherches à se faire entendre en Algérie, à un niveau politique.
L’exemple des télécommunications en est une caricature. Le gouvernement hésite ces dernières années à adopter une stratégie claire entre la 3G et les futurs réseaux, mais il est incapable de tendre l’oreille à des Algériens reconnus mondialement dans ce secteur. Est-il acceptable qu’un scientifique algérien puisse mener des travaux qui seront utilisés même par des forces armées de pays européens, et que son pays natal ne lui donne même pas l’opportunité d’être écouté par les politiques chargés des télécoms ?
En février dernier, le Premier ministre Sellal suivi de Mohamed Séghir Babes, président du Conseil national économique et social (CNES), ont chacun effectué une tournée en France pour louer les compétences de l’élite algérienne de la diaspora. Des initiatives sans suite pour les scientifiques algériens en France, car, pour le moment, ils ne savent pas encore qui va les représenter à Alger.
Le CNES a même créé début mars une Académie des sciences et des technologies d’Algérie, mais à ce jour, d’éminents scientifiques algériens de l’extérieur du pays et certains, même les membres d’académies ou d’institutions prestigieuses en Occident, n’ont même pas la moindre information concernant cette initiative.
À la lecture de la presse algérienne et internationale, les scientifiques algériens de l’extérieur découvrent des chiffres qui font tourner les têtes des multinationales mondialisées, dont beaucoup de celles d’une Europe en crise. L’Algérie est un eldorado avec 200 Mds$ en réserve et un plan quinquennal de 286 Mds$. Un eldorado incapable de financer les centaines, peut-être les milliers de projets et de prototypes qui dorment dans les tiroirs de laboratoires de recherches à travers le monde, sinon dans les universités algériennes.
Ainsi, il n’y a pas un mois dans l’année, où les universités algériennes, de Biskra, Batna, Annaba, Alger, Blida, Djelfa, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et Oran…, n’accueillent pas des scientifiques algériens de l’extérieur pour des colloques aux sujets très divers : énergie solaire, compteurs intelligents, physique médicale, produits alimentaires, semi-conducteurs et réseaux télecoms…. Mais, au pays où 97 % de l’export dépendent des hydrocarbures et qui a dépensé, en 2013, 55 Mds$ en importation de marchandises, ces colloques ne se matérialisent jamais d’un point de vue industriel.
Une situation ubuesque et déprimante pour les scientifiques algériens de l’extérieur qui avaient bien regardé à la télévision, juste avant les élections présidentielles dans leur pays, Abdelaziz Bouteflika, demander difficilement au secrétaire d’État John Kerry que les États-Unis fassent un effort de transferts de technologies vers l’Algérie.