(11 mai 2014) À regarder de très près le devenir de nos fleurons industriels (Alstom), on oublie que le secteur énergétique vit une double transition : la demande urgente de baisse de consommation afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’émergence rapide de puissants outils de gestion de l’énergie. Un double défi qui trouve souvent des résolutions dans le monde universitaire.
Si l’offre d’achat d’Alstom par General Electric fait découvrir au grand public les enjeux d’une souveraineté en matière d’industrie énergétique, il n’est pas certain que l’avenir de ce secteur se configurera principalement dans les entreprises investies dans ce domaine. L’histoire de ces trente dernières années du monde informatique a démontré que les géants de l’ordinateur grand public (Apple et Microsoft…), suivi dans les années 90 et 2000 par ceux de l’Internet (Yahoo, Google et Facebook…), ont tous pour terreau d’origine les campus universitaires américains.
Jusqu’à peu, il est certain que nombre de professionnels des industries énergétiques ne pouvaient imaginer que le logiciel et les algorithmes allaient être au centre de la production, du transport et de la distribution énergétique, comme aiguilleurs de la production jusqu’à la consommation. À ce titre, laboratoires comme centres de R&D des universités et grandes écoles se positionnent souvent comme pionniers dans les solutions, systèmes d’information de management de l’énergie et autres prototypes innovants pour le secteur.
En Bretagne, autour du campus Rennes Telecom, on parle d’une telle start-up qui ambitionne de devenir le Google analytique de la performance énergétique, en proposant une application qui permet aux industriels « de mieux anticiper et réduire leurs consommations d’énergie en fonction de leur production ». À Sophia Antipolis, déjà une société ambitionne d’installer à travers le monde des usines clé en main d’onduleurs photovoltaïques.
Aux États-Unis, ce sont des étudiants du MIT et de Stanford qui ont gagné la semaine dernière un prix de l’innovation pour leur trouvaille dans le domaine de l’énergie solaire. Leur solution est une puce qui permet de récupérer pour un panneau photovoltaïque les pertes dues aux nuages et autres ombres qui s’intercalent entre les cellules et le soleil.
Reste qu’au contraire des universités et écoles françaises des sciences de l’ingénieur, les campus américains, au regard de l’expérience de la Silicon Valley, semblent mieux armés pour transformer des solutions énergétiques, nées dans des chambres d’étudiants, en méga-entreprises mondialisées.
L’experte outre-Atlantique des Smart Grids, Christine Hertzog, parle même de « example of how technology outpaces policy » (exemple de la façon dont la technologie dépasse la politique), lorsqu’elle aborde les incidences de l’innovation scientifique sur des secteurs du fonctionnement économique de la production, jusqu’à la consommation énergétique.
Ainsi, Christine Hertzog est convaincue que tout comme la facturation nette et les tarifs de rachat ont été créés pour les installations de panneaux photovoltaïques (PV), des tarifs spéciaux seront mis en place pour les actifs de stockage d’énergie qui ne sont pas détenus par les services publics.
Un tel bouleversement du modèle économique de la production et de l’offre énergétiques est tout à fait possible, au regard de celui des télécoms avec l’avènement des réseaux Internet dans les années 90. Reste à savoir si les futures entreprises de l’énergie intelligente naîtront dans les milieux et zones industrielles ou dans des campus universitaires et autres incubateurs des grandes écoles et instituts de recherches.
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