(07 janvier 2013) Le 29 décembre au soir, France 5 (1) a diffusé un documentaire inattendu et un titre au parfum romantique: « La fée électricité ». Retour sur une exception bien française de l’action humanitaire.
Après une année 2012 où les professionnels de l’électricité ont connu une transition énergétique très politique, c’est-à-dire un relais entre le Grenelle de l’environnement et la conférence environnementale, la télévision nous a offert en digestif une exception bien française : nous sommes le seul pays occidental à avoir en termes d’électriciens, l’équivalent de Médecins Sans Frontière.
Cela ressemble à quoi ? Depuis 1987, des cadres puis des retraités d’EDF ont commencé à parcourir le monde pour équiper des quartiers, des villages et des villes en électricité. Si pour nous c’est une évidence d’avoir l’électricité, ils sont 1 milliard d’êtres humains dans le monde à ne pas pouvoir marcher dans une rue avec un éclairage, ni avoir un interrupteur ou une prise à domicile.
Le documentaire « La fée électricité » est un voyage, avec des retraités et des quelques actif d’EDF aux tee-shirts immaculés et shorts, dans les montagnes du nord du Laos. Martin Meissonnier, producteur de musique du monde reconnu, et Pascal Signolet, documentariste passionné, suivent ces messieurs grisonnants d’EDF à l’accent du sud-ouest, partis installer l’électricité dans le petit village perdu d’Hathine. On ne va pas ici faire la critique du documentaire, mais s’arrêter sur l’engagement de ces électriciens français qui en plein débat dans leur pays sur les bouleversements de l’offre énergétique, donne une autre image de la filière électrique française. Celle où l’accès à l’électricité est facteur de mutation sociologique et civilisationnelle.
Lors de la présentation du documentaire au Forum des Images le 17 décembre dernier, il y avait le sentiment d’une relative distance entre ces hommes à l’activité humanitaire louable et les citadins (certains parisiens) présents à la séance. On peut être certain qu’il est difficile, pour nous citadins, de percevoir la dureté d’un tel engagement pour ces retraités. A plus de la soixantaine, acheminer du materiel dans des pirogues, marcher dans la forêt durant des heures, faire de la pédagogie électrique, enfin, faire creuser un petit canal et faire installer une turbine qui pèse bien des kilos…, à des autochtones dont on ne parle pas la même langue.
Mais si Gérard, Robert et les autres semblent avoir choisi à la retraite cette engagement comme en rentre dans les ordres et jusqu’à presque devenir ethno-électricien, une amertume subsite dans leur yeux : la crainte que la filière électrique et ses sponsors oublient l’engagement d’Electriciens Sans Frontière en ces temps de transition énergétique française.
(1) Le documentaire sera à nouveau diffusé le 15 janvier prochain, sinon vous pouvez le visionner sur le site web de France 5.
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