(27 décembre 2012) En France, il est des initiatives qui sont annoncées discrètement, alors qu’elles méritent qu’on s’y attarde longuement.

Il y a une dizaine de jours, alors que Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique…, venaient de signer une tribune dans Les Échos pour appeler entreprises et universités françaises à plus de convergence, on apprenait que Supélec et EDF s’unissaient pour la création d’un Institut sur le Plateau de Saclay, dédié à l’étude et au développement des réseaux intelligents.

Au moment où nos deux ministres s’inquiétaient que « …La France innove trop peu : notre pays mérite bien mieux que la 14e place mondiale et 11e place européenne que lui réservent aujourd’hui les classements internationaux, aussi discutables soient-ils… », on peut être plus que surpris de voir que l’union pour un projet d’avenir – un institut du Smart Grids – né d’une synergie entre notre fleuron mondial de l’énergie et notre vénérable école de l’électricité, suscite si peu d’intérêt dans les médias parisiens.

Y a t-il un ostracisme envers tout ce qui peut être entrepreneurial sur le Plateau de Saclay ? Y a-t-il un doute que, peut-être, c’est de cet institut (au beau nom de Risegrid) que sortiront les futurs start-up du smart grids à la française ? Enfin, y a-t-il cette idée tenace que sur le Plateau de Saclay, il n’y a que les calculateurs du CEA, du CNRS et autres universités qui peuvent peut-être susciter de temps à autre un intérêt pour la presse ? Autant de questions, mais aussi d’inquiétudes de ne pas voir quelque excitation, en ces temps de crise économique, envers une possible émergence sur le Saclay d’un modèle européen de convergence dans le domaine des industries de l’énergie intelligente.

Il est vrai qu’à la différence de Paris et de San Francisco, on est encore plutôt blanquette de veau que shushi sur le Saclay, mais l’Institut Risegrid, pour Research Institute for Smarter Electric Grids, que propose, dès ce janvier 2013, EDF et Supélec, est ambitieux. Au sein d’une école de l’électricité dont le fondateur, en 1894, Arsène d’Arsonval fut l’inventeur de la bouteille à thermos, du premier téléphone adopté par les PTT et participa au premier essai de téléphone sans fil, Risegrid aura « avec une vingtaine de chercheurs académiques et industriels (chercheurs, doctorants et postdoctorants) quatre axes de recherche : l’étude des systèmes électriques intelligents, l’observabilité du système électrique, les systèmes d’information pour les Smart Grids, et la modélisation et la simulation avancées.

Lors de sa présentation, les deux géniteurs de Risegrid ont manifesté le souci de faire de l’institut « un acteur majeur dans son domaine, en relation avec les grands acteurs académiques ou industriels, et de répondre à des appels à projets français ou européens ». Reste maintenant à savoir si les ministres Geneviève Fioraso et Fleur Pellerin seront prochainement sur le Plateau de Saclay pour inaugurer Risegrid et confirmer que ce territoire, où est prévue les arrivées de l’École Normale Supérieure de Cachan et de l’École Centrale de Paris, mérite déjà bien son surnom : La Silicon Valley française.