(20 octobre 2012) La convergence énergie/numérique bouleverse des habitudes immuables dans certaines industries. La filière électrique en premier qui n’échappe pas à de telles mutations, se cherche un avenir. Passage en revue d’un état d’esprit.
Une certaine atmosphère s’est installée depuis quelques mois dans le monde de l’équipement électrique. Celle qui consiste à prévoir une année 2013 de tous les dangers. Une année terrible en termes de déficit qui nécessairement a obligé tout équipementier qui se respecte de faire un tour de vis sur les budgets. Pourtant, au même moment où les décideurs de l’élec anticipent une année 2013 catastrophique pour leur chiffre d’affaires, ils affirment n’avoir jamais été dans la situation d’être incapable de faire des prévisions ; certains patrons ont été jusqu’à avouer n’avoir jamais connu une telle incertitude sur l’évolution des marchés.
Cette communication troublante, où à la fois on ne voit pas l’avenir et à la fois on annonce un prévisionnel, révèle-elle une autre réalité ? Celle de la transformation actuelle et profonde des industries de l’équipement électrique. Du passage d’un monde immuable où EDF produisait et distribuait l’électricité, les équipementiers fabriquaient les produits, les distributeurs les vendaient et les installeurs équipaient les bâtiments…, à un monde où à la faveur de la convergence énergie/numérique, ce schéma traditionnel est bouleversé par la montée en puissance du logiciel comme acteur majeur de la production, distribution et installation des équipements électriques.
Des équipements qui au fil du temps deviennent intelligents, interconnectés et nécessitent l’ouverture de la filière électrique aux industries des télécoms et du logiciel. Ainsi, l’atmosphère morose dans la filière n’est pas une insatisfaction, mais le résultat d’une frustration due, à devoir, en permanence naviguer à vue, au jour le jour, pour comprendre et observer comment la filière électrique va se reconfigurer. Les matinales du Smarthomes organisées chaque mois par Ignes, le Syndicat des industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire, en sont une bonne illustration de cette quête de l’avenir de la filière électrique. Des rendez-vous où l’on retrouve autant des électriciens, des techniciens des télécoms que des éditeurs ou agrégateurs de logiciels…, qui chacun avec ses solutions se présente comme l’indispensable acteur de la future filière électrique connectée. «

Aucun secteur ou acteur ne peut aujourd’hui prétendre apporter l’ensemble des solutions, technologies et approches pour rendre concrète cette vision » du Smarthome avertissent pourtant et à juste titre les responsables d’Ignes. Enfin, on ne peut pas parler d’insatisfaction et d’une future année 2013 morose pour la filière électrique au moment où trois évènements viennent en ce mois d’octobre révéler au grand jour la formidable mutation des industries de l’équipement électrique. Le premier est la venue dans notre pays de Jeremy Rifkin, le gourou de la 3ème révolution industrielle. Surprise, c’est par deux collectivités locales (la Bretagne et le Nord-Pas-de-Calais) qu’il débute ses prêches pour la convergence énergie/numérique.

Le deuxième, c’est la reconnaissance du dynamisme du transfrontalier franco-allemand Hager qui vient d’être primé comme l’entreprise manufacturière la plus dynamique d’Alsace, (soulignant ainsi la vitalité de la filière électrique). Le troisième est une action politique au symbole très fort : la semaine dernière, lors de son voyage en Asie du Sud-Est, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault était accompagné non pas uniquement par des géants mondiaux de l’industrie française, mais aussi par une moyenne entreprise familiale de Bretagne. A Singapour, les responsables de Delta Dore ont fait visiter au Premier ministre le complexe sportif et de loisirs SportsHub. Il est un des plus grands au monde et l’entreprise, basée à Bonnemain, au nord de Rennes, assure le pilotage et la gestion des énergies de l’ensemble du site. On peut être convaincu que chez Hager comme chez Delta Dore, on voit à l’horizon l’année 2013 sous une bonne étoile et non pas avec un esprit morose et la peur du changement.