(28 octobre 2012) A l’annonce inattendu de Siemens le 22 octobre de se retirer de l’activité du solaire, nous avons pensé à René Buchler, son président de la filiale tunisienne et surtout, monsieur Desertec, de ce fameux projet de production énergétique par les énergies renouvelables entre le sud de la Méditerranée et l’Europe. Au sens imagé du terme, on sait que, depuis 2009, Re Buchler mouille sa chemise entre le Maroc et jusqu’à la Jordanie, pour le projet d’équiper le sud-méditerranée d’infrastructures d’énergies renouvelables aux ambitions de premier plan. Comme il l’a si bien expliqué dans une interview : « Notre objectif est de rapprocher l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord par le biais d’un partenariat énergétique ».
C’est bien le président de Siemens Tunisie qui le dit et on ne pourra croire que pour la simple raison qu’un modèle économique énergétique comme le solaire qui tarde à offrir un retour sur investissement, les dirigeants de Siemens remettent en cause un engagement industriel, économique, sociétal et culturel sans précédent. Le 6 décembre prochain c’est l’anniversaire des 120 ans de la disparition, en 1892, de Werner von Siemens, le fondateur de l’empire énergéticien allemand. Lui, dont le souci constant été de voir son entreprise s’émanciper au-delà des frontières allemandes, qu’aurait-il pensé de ce changement de cap. Que Siemens se retire du solaire qui devait lui donner une assise au sud de la Méditérranée.
Werner von Siemens qui est l’inventeur de la première locomotive électrique et du premier tramway, n’a-t-il pas déclaré : « Plus nous découvrons l’harmonieuse loi des forces de la nature, plus nous éprouvons notre modeste contribution à cet univers et notre admiration pour cette infinie sagesse qui règle toute la Création ». On a le sentiment qu’au-delà d’un contexte général défavorable et de la dureté de la concurrence chinoise en matière d’équipements dans le solaire, le géant allemand de l’énergie voulait lancé un avertissement politique. Qu’il a accepté de suivre à la lettre la chancelière Merkel au sujet du retrait du nucléaire, mais qu’aujourd’hui il tenait en tant qu’industriel à définir sa propre stratégie d’évolution. Il est leader mondial dans l’éolien et déjà au sud de la Méditerranée il est en pleine offensive pour cette énergie.
Ainsi, une semaine avant l’annonce du retrait du solaire, on retrouvait l’incontournable monsieur Desertec, René Buchler dans la version allemande du Financial Times. Dans un reportage très enlevé dans les plaines de Bizerte, au nord de la Tunisie, on le trouve non pas en train de présenter des centrales solaires mais bien une quarantaine d’éoliennes. Alors, il est légitime de s’interroger sur le concept Desertec. Allons-nous assister à une segmentation des marchés de l’énergie renouvelable? Il n’est pas absurde de se poser la question lorsqu’on voit dans la même semaine Siemens s’engager totalement dans l’éolien et le Français Alstom s’investir dans le solaire. Il est certain que le retrait du solaire de la multionationale allemande sera discuté à la 3er Conférence de Dii (Desertec) sur l’énergie des déserts qui se tiendra à Berlin, du 7 au 9 novembre prochain.
Le gouvernement allemand sera représenté par Peter Altmaier, ministre fédéral de l’environnement et pour la France c’est Delphine Batho, la ministre de l‘écologie qui sera présente. Au-delà des stratégies et intérêts des industriels, il sera opportun pour les politiques de reprendre la main sur le dossier Desertec. Du moins, afin d’offrir à l’Europe une authentique politique commune concernant la relation énergétique entre le nord et le sud de la Méditerranée.