(23 septembre 2012) Cette année encore les médias français se sont alarmés du mauvais positionnement des universités, des écoles et autres instituts supérieurs du pays dans le classement de Shanghaï. Mais, ces deux dernières semaines ils se sont réjouis de l’excellence mondiale de nos écoles de commerce.
Alors, si le profil des Français est d’être meilleur commerçial et manager d’entreprise que scientifique, on est en droit de s’interroger sur les réels besoins du pays pour réussir sa troisième révolution industrielle. A ce sujet, la lecture du document gouvernemental « Feuille de route pour la transition écologique » remis à la ministre de l’écologie Delphine Batho est révélateur, principalement sur le chapitre 1 que la ministre doit engagé pour « Préparer le débat national sur la transition énergétique », entre novembre 2012 et mai 2013.
La méthode et le calendrier fixés par le gouvernement socialiste pour mieux faire que le Grenelle 2007 de Sarkozy sont organisés autour de quatre questions :
«· Comment aller vers l’efficacité énergétique et la sobriété ? L’évolution des modes de vie,
de production, de consommation, de transport ainsi que des services énergétiques
nécessaires doit constituer le point de départ.
· Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ? Quel type de scénarii
possibles à horizon 2030 et 2050, dans le respect des engagements climatiques de la
France ?
· Quels choix en matière d’énergies renouvelables et de nouvelles technologies de l’énergie
et quelle stratégie de développement industriel et territorial ?
· Quels coûts et quel financement de la transition énergétique ? »
Nous remarquerons que sur ces quatre points qui engage l’avenir énergétique de la France, nulle part la question de la recherche universitaire comme territoire de l’innovation n’est indiquée. Il semble qu’il y a malentendu sur ce mot « d’innovation » et le gouvernement croit-il que réussir le saut technologique de la transition énergétique se fera uniquement dans les labos R&D de nos entreprises du CAC 40. Pourtant, à regarder de près les bonnes pratiques de la transition énergétique chez les partenaires européens tels le Danemark, l’Allemagne et l’Estonie, on constate la primauté donnée par les gouvernements de ces pays à la relation université et industrie énergétique.
Par exemple, la Technical University of Danmark (DTU) intervient régulièrement auprès des industries et des pouvoirs public comme consultant sur des questions purements techniques, scientifiques et sociales. En Allemagne, Le Fraunhofer Institute, est une sorte de CNRS germanique crée au lendemain de la guerre pour aider à la reconstruction du pays. En 1981, le professeur Adolf Goetzber créa, à Fribourg, le Fraunhofer ISE, spécilalisé dans les systèmes énergétiques solaires, devenu aujourd’hui avec 1200 collaborateurs, le plus grand institut de recherches sur l’énergie solaire en Europe.
Ces initiatives danoise et allemande nous renvoient aux souvenirs des génies du secteur électrique français du XIX siècle. Qui se souvient de Paul Janet, qui, à la demande du gouvernement d’alors, mit sur pied à l’Université de Grenoble un cours d’électricité industrielle pour fournir aux entreprises des ingénieurs spécialistes de cette discipline. Qui se souvient d’Edouard Branly, un des inventeurs de la radio et découvreur du principe de la radioconduction, de la télémécanique, et dont le combat de toute une vie a été d’avoir un laboratoire décent à l’Insitut catholique de Paris pour y travailler.
Paul Janet dont l’amphithéâtre principal de Supélec porte le nom, Edouard Branly et bien d’autres sont rentrés dans l’histoire de l’électricité par leur apport. Peut-on aujourd’hui et au moment où certains ministre du gouvernement Ayrault appellent à la mobilisation pour entrer dans une nouvelle ère industrielle, négliger le maillage territorial de nos universités scientifiques, prêtes à nous offfrir des Edouard Branly et Paul Janet.
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