(7 octobre 2012) On oublie souvent que Marcel Paul, celui qui a offert à la France EDF et GDF grâce à sa loi de nationalisation de l’électricité en 1946, a été éclairagiste. Il fut avant guerre le secrétaire néral de la Fédération réunifiée de l’éclairage, avant de devenir ministre de l’Industrie à la libération. Peut-on aujourd’hui, imaginer un tel parcours.
Enfant trouvé dans la rue parisienne, valet de ferme à 13 ans, marin et enfin électricien avant d’accéder à des fonctions syndicales du monde de l’énergie… Peut on imaginer aujourd’hui une telle volonté de jouer un rôle dans la politique énergétique de son pays. Non, il y a le sentiment que les éclairagistes sont spectateurs actuellement du mouvement qui s’opère dans le monde de la lumière, celui du passage de lampe incandescente à celle intelligente dite LED.
Ce qui inquiète, c’est l’attentisme entre les professionnels traditionnels du luminaire et les nouveaux arrivants, ceux qui, à la faveur de la convergence énergie/numérique arrivent du secteur de l’électronique et du logiciel. Et là, les Français semblent manquer de présence. Dominés au niveau de la source par les géants de l’éclairage à l’exemple de l‘Allemand Osram et du Néerlandais Philips, puis par les Italiens (les luminaires) et Asiatiques (les leds Japon et Corée) concernant les luminaires, les représentants patronaux devront agir pour qu’il y ait un nouveau souffle, un dynamisme qui relancerait le savoir-faire français en termes de lumière. Pour cela, le seul salut c’est de s’inscrire dans cette nouvelle dynamique pour le métier que l’éclairage ne se traite plus au niveau des Etats, mais à l’echelle européenne.

Reste qu’à l‘échelle de l’Europe c’est l’Allemagne et son salon Light+Building (voir aussi le salon italien de Milan) qui domine les tendances du secteur. Et à voir de près, il semble que c’est dans la relation entre fabricants, distributeurs et installateurs, avec les architectes, que nos voisins allemands font la différence avec les Français. Alors qu’à chaque édition de Light+Building on mesure l’intérêt des architectes allemands à rencontrer les professionnels de l’éclairage, en France, les collègues de Jean Nouvel sont rares à promouvoir les fournisseurs de lumière de leur bâti.

On aurait pensé que grâce à la convergence énergie/numérique et la prise de conscience environnementale architectes et éclairagistes se retrouverons autour d’une ambition commune pour une industrie française de la lumière. Mais, il en est rien. Pour le moment, chacun s’observe et qu’il soit architecte, fabricant, distributeur, installateur... Ou bien, fabricants de produits éléctroniques, designers et start up pour les nouveaux arrivants à la faveur du marché des LED. Marcel Paul aurait-il imaginé de son temps un tel bouleversement du monde de l’éclairage français sans engagement industriel, politique et sociétal?