C’est la révolution qui marquera à jamais le changement de paradigme de l’accès à l’énergie. Le transport du courant électrique, via des systèmes intelligents générateurs de masses de données, va bouleverser notre consommation énergétique. Reste à savoir, après que les géants américains du web aient réussi à capter la valeur des usages de l’Internet, à qui profiteront les données de l’énergie digitale.
L’Europe avait, au début des années 2000, fini par voir ses autoroutes de l’information converger vers un seul péage, situé physiquement en Californie. Aujourd’hui, on en voit le résultat, quatre entreprises américaines du web (Google, Apple, Facebook et Amazon) sont plus valorisées que l’ensemble du Cac 40 français. Aussi belles soient-elles, les success-stories de la Silicon Valley ne doivent pas, pour des raisons de souveraineté territoriale, capter la monétisation de notre consommation électrique, comme elle s’est approprié celle de nos usages du web.
Nos usages pour la consultation et le partage de contenus sur Internet ont démonétisé les biens d’expérience que sont les livres, les musiques et les films. Les géants du web américains ont capté la valeur liée à la production des biens culturels sur nos territoires européens. La loi de Moore, définition de la puissance informatique qui double tous les 18 mois, et la loi Metcalfe qui prédit que la force d’un réseau social est la multiplication des internautes connectés entre eux, ont été, malheureusement pour les pays européens, ingénieusement utilisés à leur profit par de jeunes étudiants des campus d’universités californiennes.
Google affirme qu’il fonctionne avec 35 % d’énergie renouvelable
Il en résulte un déséquilibre économique historique pour l’Europe. Un déséquilibre même sociétal puisque cela a obligé il y a quelques jours, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur français, à aller demander aux entreprises de la Silicon Valley, de réguler les contenus subversifs déposés sur leur plateforme. Doit-on prochainement vivre, avec notre consommation énergétique intelligente, la même expérience que notre usage de l’Internet ? Un usage de l’électricité qui générerait des masses de données qui seront captées de l’autre côté de l’Atlantique.
Les récentes expériences ubiquitaires des Apple, Google, Amazon et Facebook dans l’énergie intelligente nous obligent à de la vigilance. Google vient d’affirmer qu’il fonctionne avec 35 % d’énergie renouvelable dans le monde entier. Facebook a le projet d’apporter l’Internet partout, grâce à des avions-relais alimentés à l’énergie solaire. Apple a annoncé la semaine dernière la création de 300 emplois dans l’énergie propre, dans son usine en Irlande. Amazon vient de s’associer à une compagnie d’énergie pour construire plus de 60 éoliennes dans l’Indiana aux USA. Il serait opportun de s’inquiéter du traitement des masses de données de consommation électrique intelligente que vont générer, dans chaque territoire européen, les collectivités et leurs habitants.
Stephen Eaves, le Tesla de l’énergie intelligente
Il serait judicieux de s’intéresser aux activités de la filiale américaine du Fraunhofer Institute, l’équivalent, mais en bien plus puissant, de l’Institut Carnot, qui développe aujourd’hui un système photovoltaïque en plug-and-play. Le Fraunhofer CSE a d’une manière ingénieuse créé aux USA des partenariats qui lui permettent une installation de son système en moins d’une journée. Notamment, il s’est adjoint la collaboration de Stephen Eaves, qui développe une nouvelle technologie qui révolutionne la façon dont la puissance électrique est contrôlée et distribuée par un système digital à l’exemple de l’information par voie numérique. La gestion de l’électricité est faite dans des paquets distincts qui contiennent les données et l’énergie.
Cela fonctionne comme de la VOD, c’est-à-dire l’énergie n’est accessible qu’à la demande. Enfant de l’est des États-Unis et ancien de l’Université du Connecticut, Stephen Eaves n’a pas le profil des start-upeur boulimiques californiens et semble avoir conscience de la souveraineté des territoires, sa collaboration avec le Fraunhofer Institute, fleuron germanique des sciences de l’ingénieur, en est la preuve.
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