Toutes les petites communes de France sont endettées et espèrent grâce à l’accès à une nouvelle territorialité, l’intercommunalité, un oxygène salutaire en terme budgétaire. Mais certains maires doivent prendre conscience que ce n’est pas qu’une question de pouvoir et de finances, et que la révolution numérique remet au centre du développement de la France, un espace délaissé : le monde rural.
À la faveur de la transition numérique et énergétique, on parle de Smart City, très peu de Smart Villages et encore moins de « Smart Intercommunalities ». Pourtant, si on écoute les prospectivistes comme Jérémy Rifkin, la révolution digitale augure un avenir radieux pour le monde rural. Avec l’intelligence numérique dans les services, les territoires jusque-là traversés à grande vitesse par les autoroutes et autres TGV, vont renaître grâce à la connectivité pour retrouver leur attractivité d’avant les successives révolutions industrielles.
Déjà, nous assistons en France à un repeuplement de l’espace rural par la montée en puissance du haut débit et de la couverture en réseaux télécoms qui permettent à des ex-urbains, souvent des indépendants du consulting, le travail chez soi par le virtuel. À cela, des services comme la mobilité par le covoiturage, la multiplication des classes d’écoles connectées, la mutualisation des investissements intercommunaux, etc. configurent un écosystème intelligent du territoire intercommunal aussi puissant et attractif que la ville intelligente munie de tous ses équipements high-tech.
Le pays connecté redevient une valeur
L’intercommunalité qui souvent s’inscrit dans la notion de pays instituée par la loi Pasqua de 1995 remet au goût du jour l’identité historique d’un territoire à taille humaine. En cela, et aidée par les nouvelles technologies de l’information, elle met à mal la légitimité républicaine et administrative du département. En exemple, si on prend l’intercommunalité du Grand-Saint-Emilionnais, ici l’identité vinicole valorisée par des services intelligents telle la mutualisation des données en Big data, se libérera de la domination purement administrative de la Gironde.
En Ile-de-France, l’intercommunalité Cœur-des-Yvelines, qui vit au rythme des happy few, coincée entre l’activité débordante de Saint-Quentin-en-Yvelines et l’historique Rambouillet et sa forêt, pourrait voir son rayonnement renforcé grâce au village où a fini sa vie Jean Monnet, à Bazoche-sur-Guyonne, où a été pensée et écrite la fondation de l’Europe en 1950.
Les territoires ruraux redeviennent attractifs
Si c’était encore un rêve il y a une dizaine d’années, l’émancipation des territoires ruraux de la tutelle des services de l’État devient de jour en jour une réalité supportée par les innovations dans le cadre des transitions numériques et énergétiques. Vanik Berberian, le président de l‘Association des maires ruraux de France ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare : « Regardons la France changer. Les territoires ruraux redeviennent attractifs et voient leur population augmenter. Il faut anticiper et favoriser ce phénomène qui tôt ou tard concernera tout le monde. La France n’est pas uniforme au point qu’il faille nous tenir la main en nous disant « voilà ce qui est bon pour vous ». Reste à savoir si l’expression « Smart Intercommunalities » sera adoptée un jour.
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