La sécurité dans l’univers numérique est un secteur qui connaît un engouement certain à la faveur de la profusion de cyber-attaques. Situation qui rend trouble la relation entre experts du domaine et média.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les experts du terrorisme islamiste se sont multipliés sur les chaînes d’information. Il semble aujourd’hui que le même phénomène touche ceux de la cyber-sécurité pour accéder à la notoriété. Cette course à l’audimat de ceux qui sont censés prévenir les attaques informatiques de tous genres, peut être préjudiciable, tant les pirates sont constamment aux aguets pour récolter des informations précieuses, afin de déjouer les multiples stratégies de cyber-défense mises à l’œuvre.

Dans le petit univers de la cyber-sécurité, il y a ceux qui dans la discrétion se restreignent à leurs activités dans leur entreprise, dans les collectivités locales et les institutions de défense, sinon des structures gouvernementales dédiées au sujet, à l’exemple l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI). Cette dernière qui obéit aux us et coutumes de la hiérarchie militaire et policière, ne permet qu’à ses responsables bien définis, d’intervenir dans les médias.

Il y a aussi ceux des experts en cyber-sécurité formés aux sciences de l’informatique qui investissent actuellement les médias en quête de reconnaissance. Cette course à la notoriété qui ne dit pas son nom peut être préjudiciable, tant on ne sait pas le degré de sincérité des experts qui courent surtout les plateaux de télévision. Elle met surtout en doute le message des évangélistes de la cyber-sécurité, dont les destinataires c’est-à-dire les citoyens ne savent plus si les experts du domaine s’adressent à eux ou au monde de l’entreprise. Si ces ingénieurs et docteurs de l’informatique font acte de civisme par leur conseil pour aider le citoyen ou bien simplement derrière leur intervention médiatique, il y a la recherche de développer son portefeuille de consulting auprès des entreprises.

Ainsi, il y a un doute sur les experts de la cyber-sécurité en France, car il y a une impression de décalage entre le discours tenu et la réalité. Nombre parmi eux clament à qui veut les entendre, que « faire de la sensibilisation du grand public » est l’acte primordial de l’action qui doit être menée en politique de sécurité numérique. Mais dans les faits, ces experts organisent plus des colloques, conférences et interventions médiatiques que des cycles de formations sur la question.

Lorsqu’on voit qu’un pays comme le Sénégal a déjà, fin septembre dernier, organisé à Dakar par l’entremise de l’ONG Article 19, une session de formation en cyber-sécurité pour les professionnels des médias, il y a de quoi s’interroger sur le retard français en termes de pédagogie dans le domaine. Mais heureusement, il y a quelques fois des initiatives, tel le « Cahier de vacances – Sécurité Numérique de 7 à… 77 ans », un livret pédagogique présentant les risques numériques aux enfants et à leurs parents, qui sera édité pour les vacances de l’été 2018, par ISSA France, le 1er chapitre francophone européen de l’Information Systems Security Association.

Il est temps alors pour le monde de la cyber-sécurité française d’être en phase avec les enjeux sociétaux que pose le développement du numérique dans le pays. Mais, pour que cela soit efficace et mené avec un esprit de souveraineté citoyenne, il faudra réfléchir à un engagement sans arrière pensées.