(29 janvier 2014) L’arrivée de Google dans le secteur de l’énergie intelligente se fait au moment où la question de l’utilisation des données devient cruciale avec les révélations autour de la NSA. Quelle meilleure occasion pour se poser la question de l’avenir et de la vocation de l’artisan électricien dans le monde des objets connectés ?

Le début du clip de promotion du thermostat de l’entreprise Nest que Google vient acquérir pour 3,2 milliards de dollars, est une provocation. On y voit une silhouette ôter un thermostat blanc classique pour y installer celui, rond et très high tech, de la nouvelle filière domotique du géant américain de l’Internet. Evidemment, cela fait partie de cette inconscience de la Sillicon Valley, où rien ne doit résister aux start up californiennes, même pas les thermostats traditionnels des équipementiers non moins traditionnels de la filière électrique.

Il faut croire, et Google ne s’est pas empressé de communiquer sur le sujet, que la bataille fut rude entre les fondateurs de Nest et l’équipementier du chauffage Honeywell, une vieille maison fondé en 1885. Ce dernier, reprochant au premier d’avoir copié quelques uns de ses brevets. Et on trouve même, sur le web site de Nest, un communiqué d’avril 2012 qui rejette « les allégations de Honeywell de copiage de ses brevets ». Ainsi, les choses ne sont pas si simple pour un électricien, de comprendre les enjeux autour du bâtiment intelligent.

Depuis l’annonce du rachat de Nest par Google, il s’est instauré comme un malaise entre ceux qui croient dur comme fer, que le géant américain, un jour ou l’autre, dominera les multinationales du BTP, car, via Android, il aura la main sur l’utilisateur final de la maison intelligente. Et ceux qui déplorent l’opportunisme du moteur de recherche californien qui, à travers les produits maison de Nest, aura accès à plus de données et de savoir concernant les habitants de ce monde. Et tout cela, avec le risque d’être transmis, aux limiers de la National Security Agency (NSA).

Glissement de la gestion technique du bâtiment vers l’enjeu des données personnelles générés par l’habitat

Le fondateur de Nest, Tony Fadell n’a pas eu l’occasion depuis deux semaines de répondre à la presse internationale sur les solutions énergétiques de son thermostat relifté, mais bien plutôt sur les risques d’utilisation par ses nouveaux acquéreurs des données collectées par son produit. A ce titre, on voit avec l’arrivée de Google dans l’équipement de la maison intelligente, un glissement de la gestion technique du bâtiment vers un enjeu purement mercantile autour des données personnelles générés par l’habitat.

Ainsi, on passe de l’habituelle conscience de sécurité énergétique portée par l’artisan électricien qui tire le câble, installe les interrupteurs et les prises électriques, à l’opportunisme de vendeurs, via Internet, de boîtes contenant des thermostats digitaux, dont la principale et redoutable fonction technologique, est d’enregistrer vos faits et gestes, sous couvert d’intelligence. Mais d’intelligence pour qui ? Après l’ordinateur et le smartphone, un nouvel espion chez soi.