(09 septembre 2013) Alors qu’à Paris et Berlin, la transition énergétique semble à la peine, en Suède et en Suisse, les choses se déroulent sous de meilleurs auspices. Décryptage.
C’était le 3 juin dernier, au 1er Forum de l’Innovation France-Suisse, organisé à l’Université de Lausanne. Peter Cunz, de l’Office Fédéral de l’Énergie en Suisse, a donné le calendrier de la « Stratégie énergétique 2050 », en cours d’application dans son pays. Juste après, c’était autour de Pierre Fontaine, de la direction « système électrique et énergies renouvelables » du ministère de l’Écologie et de l’énergie, de dérouler l’agenda de la transition énergétique de l’Hexagone.
Trois mois après, force est de constater qu’après le changement de ministre de l’Énergie et le bras de fer, d’avant les vacances, entre patronat et gouvernement, la transition énergétique française et bien dans le flou, alors qu’en Suisse, le Conseil fédéral respecte à la lettre sa feuille de route et vient d’adopter la semaine dernière le message relatif au premier paquet de mesures de la « Stratégie énergétique 2050 », avant de la soumettre au Parlement pour examen.
Merkel doit revoir sa politique énergétique
En Allemagne, les choses ne vont pas mieux pour l’ »Energiewende » (le tournant énergétique germanique) adopté par Merkel, au lendemain de la catastrophe de Fukushima en 2011. En ces premiers jours de la rentrée, la Commission fédérale allemande sur les monopoles demande dans un rapport à la Chancelière de revoir sa copie, en termes de politique énergétique qui « souffre d’un mépris total des principes de libre concurrence ». Et pour exemple à suivre, les sages insistent sur le modèle suédois qui depuis les années 90, a su conjuguer réduction des émissions de gaz à effet de serre et croissance économique.
Un axe Suède/USA dans les smart grids
Et, hasard symbolique du calendrier, au moment où la Commission fédérale allemande demandée à suivre la politique de la Suède en matière d’énergie, le premier ministre de cette dernière, Fredrik Reinfeldt recevait Barack Obama pour consolider la coopération américano-suédoise dans les secteurs de l’énergie verte, à l’exemple « du développement urbain durable, des véhicules électriques et des smart grids ». Les deux pays collaborant dans le cadre d’une structure commune au nom de The Swedish American Green Alliance (SAGA), un partenariat lancé en février 2010 entre l’ambassade américaine en Suède et le gouvernement du pays. Initiative qui aujourd’hui a fini par réunir de multiples entreprises et universités des deux côtés de l’Atlantique.
Le lien entre compétitivité et réussite énergétique
La Suisse, premier pays compétitif au monde pour la cinquième année et la Suède à la sixième place laisse la France bien derrière, à la 23 place selon le classement qui vient d’être publié par le World Economic Forum (WEF). Alors, une question devient essentielle : peut-on lier la compétitivité d’un pays à la vision de sa transition énergétique ? Il serait judicieux de regarder du côté des premiers, les Suisses qui ont intitulé, en juin, le 1er Forum de l’Innovation France Suisse 2013, « l’innovation au service de la transition énergétique ».
Dans le pays le plus compétitif au monde, le patron de Romande Energie, l’entreprise locale de distribution électrique, a une vision simple pour continuer à se développer dans un environnement incertain. « Il faut : laisser les collaborateurs exprimer leur créativité…, les encourager à développer de nouvelles idées et à persévérer…, les intéresser au développement de l’entreprise par une participation financière aux résultats de la société… développer la R&D et soutenir les startups…, s’inscrire dans le dialogue et multiplier les partenariats ». Parole de Suisse.
Abonnez-vous à la Newsletter
Ne manquez rien de la veille internationale et recevez chaque semaine des infos, conseils et plus encore.