Jacques Attali, un éclaireur qui a manqué à l’université d’été du Médef

(05 septembre 2013) Dans un programme volontairement très sociétal, Pierre Gattaz, le nouveau président du Médef, n’a pas convié à sa table Jacques Attali. Pourtant, il n’y avait pas mieux que ce dernier pour inscrire la crise économique française dans une problématique historique et culturelle.

Durant les trois jours de l’Université du Médef, la semaine dernière, Pierre Gattaz, son nouveau président, a bien insufflé sur le campus de HEC à Jouy-en-Josas, cette bonhomie un peu scoute. Avant d’arriver, en juillet dernier, à la tête du patronat du pays, le patron de Radiall, entreprise respectable de l’électronique, avait marqué de son empreinte et durant plusieurs années à la Fédération des industries de l’électrique et de l’électronique, de cette idée que le succès de l’entreprise passe par la volonté du collectif. Pierre Gattaz aime et utilise souvent l’expression « chassant en meute ».

Mais, certainement cette idée thérapeutique, de gagner des marchés face à la concurrence allemande et autres, peut susciter l’enthousiasme des entreprises manufacturières, sauf que dans un patronat où le secteur des services, du conseil et des start up, a pris de l’ampleur ces 20 dernières années, la notion d’équipe est appréhendée bien différemment.

« Les Français ne s’aiment pas et ne s’aident pas »

Il y avait bien, sur le campus de HEC, le moine bouddhiste, Mathieu Ricard, l’écrivain académicien, Erik Orsenna ou le philosophe Raphaël Enthoven, mais oublier de convier Jacques Attali, l’auteur de « Urgences françaises »*, l’ouvrage qui, depuis sa sortie en juin, a été lu par bien de patrons inquiets pour l’avenir de leur pays, est bien dommage.

Car dans un programme d’une université d’été au slogan de combat, « Crise : du danger à l’opportunité » qui mieux que celui qui a écrit « Les Français ne s’aiment pas et ne s’aident pas », puisse offrir une vision capable d’éclaircir l’horizon obstrué de la France. Il n’y a pas sans pareil à Jacques Attali pour conjuguer à la fois l’histoire de France, son présent et son avenir, afin d’ouvrir des pistes de réflexion pour passer du danger à l’opportunité.

Le goût « Made in France »

Par ailleurs, si on a bien organisé lors de ces universités d’été du Médef, une plénière sur le thème de « l’Esprit d’équipe », avec l’ex-footballeur du PSG, Raï et le général de division, commandant de la Légion étrangère, Christophe de Saint-Chamas, il est bien certain qu’en tant que chef d’orchestre épisodique, Jacques Attali aurait fait planer cette atmosphère culturelle, si particulière à la France, où les arts et métiers se sont toujours entremêlés pour incarner le goût « Made in France ».

Car qui, mieux que l’ex-conseiller de François Mitterrand, peut à la fois, expliquer la difficulté de réunir autour d’une œuvre musicale une cinquantaine d’instrumentistes et celui de faire rédiger un rapport, dans une même commission, par une vingtaine de personnalités composées autant d’économistes que d’industriels, de publicitaires, de fonctionnaires et autres…

À l’Université d’été du Médef, le passé français et son XIXe siècle, si lumineux, n’ont pas été conviés au banquet. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux les analystes de la crise économique européenne, à défendre l’idée que revisiter les moments glorieux d’un pays, d’un continent permet de construire une vision sereine de l’avenir.

Et à l’exemple de Jacques Attali, un autre fervent défenseur de l’histoire industrielle manquait à l’appel. Le prospective américain Jeremy Rifkin, celui-là même qui est en train d’aider la région Nord-Pas-de-Calais à réussir sa transition énergétique. Cette dernière étant un sujet essentiel pour l’avenir des entreprises françaises.

(*) « Urgences françaises » de Jacques Attali. Éditions Fayard

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