(14 août 2013) Les vivaces influences culturelles de la Dolce Vita romaine des années 60 et de la Movida madrilène des années 80, peuvent stimuler impulser générer une empathie en faveur des régions et des villes intelligentes européennes. Les avancées du couple italo-espagnol Enel/Endesa dans le secteur des compteurs énergétiques intelligents sont-elles une illustration sud-européenne de la ville de demain ?

Dans les salons dédiés au Smart Grids qui se multiplient en France, un malaise reste perceptible quant à l’avancée du déploiement des projets d’énergies intelligentes dans le pays. Le centralisme jacobin, honni et vénéré à la fois freine quelque peu les autorités locales dans leur volonté d’imprimer un dynamisme propre à l’identité culturelle de leurs territoires, dans le domaine des régions et villes intelligentes. Ainsi, dans le brouhaha parisien des débats conclusifs/ultimes concernant le projet de la transition énergétique, ceux organisés dans les régions sont passés presque inaperçus. Un risque guette la transition énergétique française, celui de rendre les futures villes intelligentes, sans spécificités locales et aussi attrayantes que les cités de banlieue en cours de démolition.

Une conscience des Smart Grids qui englobe la culture

Les ingénieurs italiens et espagnols d’Enel et de sa filiale espagnole Endesa ne sont pas insensiblent aux questions d’identités locales et de transformation historique des cités, du village à la métropole. En Italie, tous les professionnels des énergies de demain sont attentifs à l’évolution de Gênes désormais parée du titre de ville expérimentale dans le domaine des Smart Cities. Rien qu’à voir la liste des membres de l’association créée à cet effet et qui compte autant les équipementiers et les énergéticiens : ABB, Siemens, Enel…, que le Festival Music Four Peace ou la très puissante Communauté oecuménique italienne de Sant’Egidio, reconnue mondialement pour sa spécialité de négociation des conflits politiques, démontre une conscience du secteur des énergies en régions qui englobe la culture, la santé, sans oublier les questions sociales.

En Ligurie, il n’y a pas que Gênes qui bénéficie des attentions en termes de Smart Grids. À l’est de Gênes, la petite ville de Vernazza, aux riches vestiges médiévaux, panse encore ses blessures liées aux inondations de 2011. Début juillet, Enel Green Power lui a attribué un prix Smart Grids au nom symbolique de « Il vecchio e il mare », hommage au livre d’Ernest Hemingway. Voir des professionnels italiens du Smart Grids se pencher avec autant d’attention sur une petite ville côtière qui a été envahie, en quelques heures par la boue, démontre que de l’autre côté des Alpes, des ingénieurs ont cette conscience de l’empathie chère au prospectiviste américain Jeremy Rifkin.

Pour une Andalousie intelligente

En Andalousie, on retrouve cette même quête d’un smart cities inscrit dans les territoires. Dans une région au BTP dévasté par la crise immobilière, où de fantomatiques bâtiments, inachevés et désertés, bordent les routes, s’entrevoit un nouvel optimisme associant la culture andalouse à l’innovation, possible fer de lance pour une sortie de crise. Avec l’aide de l’Europe, début juillet, la région a lancé l’initiative « RIS3-Andalucia : Estrategia de Innovacion de Andalucia 2014-2020 », dont le maître mot est d’inventer une « Andalousie intelligente ».

« Cette stratégie ne doit pas seulement être destinée ou basée sur le développement de l’excellence scientifique régionale. Il doit être ouvert sur l’extérieur, soutenir l’innovation fondée sur la pratique, le besoin ( et non sur une approche technologique et produit) et assurer un suivi quant à l’adoption et à la diffusion des connaissances et de l’innovation… », écrivent les responsables de RIS3-Andalucia. Lors des premières rencontres organisées par cette dernière, un atelier a eu pour titre « Spécialisation intelligente autour de la nouvelle ruralité et de l’alimentation saine ».

L’Europe des Smart Areas et Smart City

L’idée d’une cuisine méditerranéenne intelligente a dominé les débats et il semble que, chez les Andalous, organiser, dans une même enceinte, des réflexions autour des Smart Grids et Smart Foods, participent de cette nouvelle idée andalouse, de mettre sur le même pied d’égalité, « innovation technologique et non technologique » pour construire une « Smart Andalucia ». Ainsi, on peut penser que les esprits Dolce Vita romaine et Movida madrilène sont en train de converger, depuis les côtes de la Ligurie et des terres d’Andalousie, pour offrir à l’Europe des « Smart Areas » et « Smart City », de nouvelles perspectives, respectueuses des identités régionales et offrant des solutions transversales, allant de la gestion intelligente de l’énergie à celle de la santé, de la mobilité, du social, de l’alimentation et des contenus culturels.