(12 février 2013) Au-delà de la simple opportunité pour les industriels à la recherche de nouveaux marchés, le stockage s’impose comme la révolution pour une maîtrise de la production et consommation des énergies renouvelables.

Les annonces, en ce début de l’année 2013, de la découverte de solutions de stockage d’électricité par des acteurs aussi divers qu’une start-up grenobloise comme McPhy, un géant de l’informatique tel Apple ou une multinationale de l’équipement de l’énergie à l’exemple de Schneider Electric, démontrent que la demande est éminente et qu’un marché est en train de s’organiser. Elle démontre surtout qu’il n’y a pas pour le moment de chasse gardée dans l’industrie naissante du stockage électrique, mais que grand comme petit, tout industriel a ses chances du moment que l’innovation est au rendez-vous.

Au-delà de la simple opportunité pour les industriels à la recherche de nouveaux marchés, le stockage s’impose comme la révolution pour une maîtrise de la production et consommation des énergies renouvelables.

Autant que le compteur intelligent, le stockage de l’électricité se révèle comme étant la grande rupture de civilisation énergétique à l’heure de l’arrivée de l’électricité intelligente. Elle s’inscrit totalement dans le saut technologique avec l’avènement du bâtiment à énergie positive prévu par la Réglementation thermique 2020. Les critiques de la fiabilité des énergies renouvelables en termes de production permanente de l’électricité sont en train d’être surmontées grâce à l’innovation technologique dans le domaine du stockage.

Les solutions de demain qui pourront offrir à l’utilisateur de réguler tout à la fois sa production et sa consommation électrique s’imposeront comme étant la valeur économique d’un système allant de l’installation (solaire ou éolienne) jusqu’au compteur.

On n’est plus uniquement sur un enjeu de gestion de réseau avec lissage de pics (et de creux) de production. Il s’agit de capter tout le « jus » que peuvent apporter les énergies renouvelables (solaire et éolien) lorsqu’elles fonctionnent à plein rendement, en emmagasinant le courant non consommé pour le restituer à la demande.

Le stockage devient surtout une nécessité, lorsqu’à la fois la transition énergétique exige une efficacité énergétique de tous les instants et le développement technologique, la construction de logements et d’immeubles de bureaux, appellent à une consommation accrue de l’électricité. Pour exemple, l’ambition pour le Grand Paris de développer les activités high-tech conduira à un accroissement du nombre de data centers qui sont fortement consommateurs d’électricité. Ainsi, selon la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE), « … On peut tabler sur plus de 100 MW par an de 2015 à 2025, ce qui a un impact local très important sur le développement du réseau de distribution… »

Le stockage électrique ouvre aussi le chapitre si essentiel de l’aménagement du territoire. Comment offrir une gestion régulée de l’électricité aux sites isolés, comme les villages de montagne non raccordés au réseau ? Comment faudra-t-il accompagner le développement du parc de véhicules électriques ou hybrides ? Puisque sans réserve mobilisable à volonté, aucun réseau de distribution ne supporterait le choc de millions de véhicules se rechargeant au même moment, le plein d’une batterie consommant à peu près autant d’électricité qu’une maison. Sans oublier là aussi que les militants de l’efficacité énergétique prônent le choix d’une charge lente de manière à limiter l’utilisation « carbonée » et le dimensionnement des réseaux.

Ainsi même si elle se pratique en réalité de longue date, avec notamment les centrales hydrauliques, nucléaires, thermiques, la régulation de l’énergie améliorée encore par le stockage est en train de devenir un grand sujet de transfert technologique entre le monde de la recherche et celui de l’industrie. Le monde scientifique ne s’est trompé en décernant, en juillet dernier, un certificat honorifique de la part de la renommée revue Scripta Materialia, aux professeurs Richard Chahine et Pierre Bénard de l’Université du Québec, à Trois-Rivière. Un article au sujet du stockage de l’hydrogène, soumis par les deux scientifiques, s’est hissé dans le Top 20 des textes les plus cités de la revue pour la période 2007 à 2011.