Postier et électricien, le face-à-face à l’heure de la transition énergétique

(30 novembre 2012) Depuis que l’artisan électricien se heurte aux réalités de la domotique il fallait s’y attendre. En cette dixième année anniversaire du lancement de la Freebox (18 septembre 2002), La Poste vient marcher sur les plates-bandes de l’électricien dans le résidentiel.

L’entreprise publique, dirigée par Jean-Paul Bailly a fait le choix de lancer sa propre Box, mais, à défaut d’aller uniquement sur le terrain encombrant des opérateurs télécom (avec le triple play), le distributeur ancestral de notre courrier a fait aussi le choix de se muer en prestataire de services liés à l’habitat. Pour cela, La Poste veut se tailler une place de choix au domicile des Français, celle materialisée par une Box qui gère, via des équipementiers partenaires, tout notre intérieur : depuis l’offre « se distraire », comprenez par là l’accès aux biens culturels, jusqu’ à « protéger son domicile et ses biens de dommages matériels ».

En clair et comme elle commence à nous le dire, la Poste veut « fédérer autour de son nom un réseau de compétences pour développer le marché de l’habitat ». Mais face à cette ambition nouvelle, on ne peut que s’arrêter sur un des services (notamment avec l’eau) le plus élementaire dans un habitat, celui de l’électricité.

La France, comme ses voisins européens, vit une crise économique sans précédent dont, pour beaucoup de prospectivistes la sortie salutaire viendra d’une révolution industrielle provoquée par la convergence de nouvelles formes de productions d’énergies et de moyens de communication, à l’exemple de l’Internet. Les acteurs traditionnels de l’offre électrique dans le résidentiel sont très attentif aux bouleversements qui se préparent.

Le plan Grenelle de l’Environnement depuis 2007, suivi actuellement par la Conférence environnementale, ont oublié de soulever un sujet sociétal essentiel, celui de l’avenir de l’électricien. Pourtant, un débat sous-jacent indique, ces dernières années, une mutation des activités du maître du courant triphasé vers la programmation informatique. C’est-à-dire que le professionnel chargé de faire respecter la norme NF C 15-100 s’interroge: « suis-je encore électricien ou domoticien ».

A vrai dire et depuis la deuxième guerre, l’électricien français était entouré par des acteurs de son secteur reconnu comme leader mondiaux : EDF et ses ingénieurs qui viennent installer le compteur dans l’habitat, les équipementiers de l’électrique qui offrent des produits à la qualité emblématique et enfin, les distributeurs chez qui l’électricien vient se fournir. Cette ensemble d’acteurs qui accompagne le professionnel dont le métier est de travailler en étroite collaboration avec le maçon et le plombier a, à vrai dire, anticipé ces bouleversements. EDF, les équipementiers électriques comme les distributeurs acompagnent déjà l’électricien dans ce nouveau monde où l’électrique est déjà piloté par un Smartphone. Mais là où le bât blesse, c’est que l’annonce du lancement de la Box de La Poste a eu, depuis une semaine, plus d’échos dans les médias que les Journées de la domotique, seul évènement de l’année où les électriciens français organisent, à travers le territoire, des portes ouvertes pour présenter au public des réalisations qui n’ont pas à rougir des services que veut proposer la Box de La Poste.

Cela veut-il dire qu’en termes de communication, les électriciens français ne sont pas acompagnés comme ils devraient l’être pour affronter ce nouveau monde de la convergence de l’énergie/numérique ? La question mérite d’être posée sans oublier que chez les équipementiers électriques, le Syndicat des industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire (IGNES) organise, lui, et chaque mois, dans l’antre de la filière électrique (rue Hamelin) une matinale en forme de confrontation intelligente entre la famille de l’électricien et « les autres » : télécom, informatique, start up…
La première présentation de la Box de La Poste, dit projet Newton, avait bien eu lieu le 25 octobre dernier, lors d’une matinale d’IGNES. Bien après la Box présentée par Bouygues Telecom, les solutions d’Orange en septembre et la Box de Castorama jeudi 29 novembre.

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