(09 novembre 2012) Durant ce mois de novembre, deux évènements ont l‘air de dessiner les chemins vers lequels la production et la consommation énergétique française vont se décliner dans les années à venir. Deux philosophies qui méritent qu’on s’y attarde et qui sont portées par deux hommes aux trajectoires différentes.L’image est saisissante d’une France qui se cherche dans la crise européenne et mondiale actuelle. Nous avons d’un côté un grand serviteur de l’Etat et de ses industries qui, durant six mois, planche sur un rapport de solutions, à la demande d’un gouvernement socialiste. Un homme qui, en une page, règle la question cruciale de la place de l’énergie dans la compétitivité française : « Le faible coût de l’énergie, comparé aux autres pays européens, est un atout pour l’industrie française. Il fait partie des éléments qui soutiennent la marge des entreprises et donc leur capacité à investir », écrit dans son rapport sur la compétitivité Louis Gallois, au début du chapitre consacré à la question énergétique.De l’autre côté, nous avons un éminent économiste américain qui observe la politique énergétique de l’Etat français et ses gouvernants tout en gardant ses distances. Il a une préférence pour les collectivités locales, convaincu que c’est dans ces territoires que la rencontre entre les nouvelles technologie et l’énergie vont faire entrer l’Europe dans la troisième révolution industrielle. Ainsi, de même qu’il y a eu le 5 novembre un évènement « Louis Gallois » à Paris, chez le Premier ministre à Matignon, plus ou moins bien relayé, il y aura le 14 novembre, un événement « Jeremy Rifkin » à Lille, entouré par les élus locaux et les chefs d’entreprises du Nord à l’occasion du World Forum.A Paris, Louis Gallois, tout à sa logique, conforte la tradition nucléaire française dans son rapport qui « est un atout pour l’industrie française » et à cet égard, le magazine « Usine Nouvelle » titre: « Les pro-Fessenheim saluent le rapport Gallois… ». A Lille, la presse du Nord attend depuis plusieurs semaines la venue du chantre américain « du bâtiment producteur d’énergie ». A son sujet, « La Voix du Nord » a écrit le 8 novembre : « Il observe que la production d’électricité sera de plus en plus assurée par de petites installations : éoliennes implantées ici, panneaux photovoltaïques là. Les bâtiments eux-mêmes vont devenir producteurs. Ils sont alors appelés à communiquer entre eux, pour que celui qui est en surplus alimente celui qui a des besoins ».Entre la prudence d’un Louis Gallois conforté par le très cité bas coup actuel de l’électricité en France et la vision d’un Jeremy Rifkin pour qui l’avenir est à la décentralisation de la production énergétique par l’apport des nouvelles tehnologies, il y a un dilemme. Qui suivre ? Y-a-t’il aujourd’hui deux projets de société sur la question énergétique en France ? Et surtout, en a-t on un, porté par un Etat centralisateur inquiet de la crise économique du pays et un autre, désiré par des collectivités locales qui voient le salut du développement de leur région dans l’avènement d’une troisième révolution industrielle ? Enfin, ne faut-il pas un face-à-face Louis Gallois et Jeremy Rifkin pour avoir des réponses à nos interrogations ? Mais sauraient-ils s’écouter à défaut de se comprendre, pour envisager des transitions et des complémentarités.
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