(5 aout 2012) La polémique semble passer inaperçue, alors même que le sujet est d’une importance mondiale et, qu’au moment même où rien qu’en France, on nous annonce officiellement que d’ici 2020 la facture d’électricité augmentera de 50 %. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de l’annonce d’un classement auquel les puissances mondiales n’étaient pas habituées, celui du pays « champion du monde de l’efficacité énergétique », en l’occurrence le Royaume-Uni.
Coup de tonnerre le 12 juillet dernier à Bruxelles. Contre toute attente, l’American Council for an Energy-Efficient Economy (ACEEE) a révélé, selon une de ses études, que la Grande-Bretagne est la championne toutes catégories de l’efficacité énergétique, dans un classement qui regroupe les 12 principales économies mondiales. Sans attendre, s’engage alors entre experts, une empoignade, des deux côtés de l’ Atlantique, sur la fiabilité d’un tel classement et les instruments qui ont permis sa réalisation. Selon l’ACEEE et dans l’ordre, la Grande-Bretagne arrive en tête avec 67 %, suivi de l’Allemagne 66 %, de l’Italie 63 %, le Japon 62 % et la France 60 %. Viennent après la Chine avec 56 %, les Etats-Unis 47 % et la Russie 36 %.
D’emblée, à l’exemple d’une compétition olympique, on est même aller chercher un expert pour s’interroger : « Pourquoi le Royaume-Uni s’en sort-il tellement mieux que la France ? ». On comprend l’exaspération française, après 5 années de débat sur ce sujet, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, de se trouver à 7 point de son voisin britannique, derrière l’Italie même. A trop vouloir décrédibiliser ce classement américain, surgit le sentiment d’un nationalisme, où chacun devient jaloux de ses propres méthodes et outils d’économie énergétique.
Ainsi, Bruxelles a mis en avant des pays européens moins puissants mondialement, mais à la politique d’efficacité énergétique qui serait bien plus supérieure à celle de la Grande-Bretagne, exemple le Danemark.
Le dernier argument relevé par Bruxelles, via le site web d’information EurActiv.fr, concerne le lobbying aux Etat-Unis de l’ACEEE en faveur de l’efficacité énergétique. En classant première la Grande-Bretagne, pays culturellement proche des Etats-Unis, il sera plus facile avec un tel document, d’influencer les « politiques » américains pour qu’ils engagent dans leur pays une stratégie offensive d‘efficacité énergétique.
Si nous devons faire un constat, c’est celui qu’il n’existe pas encore une politique européenne homogène partagée par tous sur la question de l’efficacité énergétique. Déjà, ce classement a irrité plusieurs eurodéputés qui considèrent, que s’il y a un pays qui traîne les pieds à propos de la directive européenne sur l’efficacité énergétique, c’est bien la Grande-Bretagne. Alors que la panne électrique en Inde démontre que les pays européens peuvent trouver une possible sortie de crise économique, grâce à leur avance en termes d’infrastructures, il serait fâcheux que l’Europe engage une guerre de Cent Ans sur l’efficacité énergétique, alors qu’il serait bien plus malin de se partager les « best practice » de chacun.