Les bureaux sont vides à Toronto. Juste trois mois après l’abandon du projet controversé, de quartier Smart City porté par Sidewalk Labs, la filiale de Google, dans la capitale économique canadienne, les locaux de bureaux de la société du moteur de recherche sont disponibles à la location. Une liste d’annonces en ligne montre que les deux étages du bâtiment de Lakeshore Boulevard East, occupés par la filiale de Google dont le siège est à Manhattan (New York), sont disponibles pour 35 dollars par m2 et par an, pour un total d’environ 155 000. Cela intervient un peu plus d’un mois après que Sidewalk Labs a déclaré à la presse canadienne qu’elle avait licencié environ 20 travailleurs, dont plusieurs au Canada, mais a souligné qu’elle n’abandonnait pas le pays et y garderait toujours du personnel. Le bâtiment Sidewalk avait permis à l’entreprise de montrer ses prototypes de trottoirs chauffés et éclairés et d’imperméables pour les bâtiments qu’elle espérait utiliser dans son projet de ville intelligente, qu’elle a annulée en mai. Ce fiasco, le premier retentissant dans le domaine en devenir de la Smart City, laissera certainement des traces. Mais, si Sidewalk a déjà trouver des projets ailleurs, comme celui d’une route pour voitures autonomes et connectés dans l’Etat du Michigan au USA, il est clair que la collectivité locale de Toronto, se trouve pénalisée par une perte de temps et de finances irrécupérables.
Dans une tribune dans les Echos du 3 août, l’architecte italien et spécialiste des smart cities, Carlo Ratti, essaye de trouver les arguments et les analyses pour expliquer qu’avant l’échec « Tout avait pourtant bien commencé pour ce quartier. Il était prévu qu’une friche industrielle soit transformée en laboratoire de la ville intelligente, avec robo-taxi ou collecteurs de déchets autonomes, optimisée par un ensemble de capteurs ». Mais l’architecte italien est-il impartial dans cette affaire lorsqu’on sait qu’il a eu dans le passé, à mener des projets en partenariat avec Google.
Ainsi, Carlo Ratti doit comprendre que si la ville de Toronto et Google était des amoureux, la manière dont les couples se séparent en dit long sur la façon dont ils se sont occupés les uns des autres dans leur partenariat. Les divorces particulièrement enflammés signalent généralement des relations pleines de malentendus passionnés.
Mais comme l’a écrit mi-mai dans le journal canadien The Star, Juan-Luis Suarez, l’expert-enseigant de Western University « que pense-t-on d’une rupture où un parti (Google) range ses affaires et quitte la ville sans laisser de trace? On pourrait penser que les parties étaient attachées à la relation de manières très différentes; qu’ils avaient des rêves différents de ce que leur partenariat pourrait devenir ».
Le laboratoire CulturePlex de Western University basé dans la ville de London non loin de la capitale canadienne dans l’Etat de l’Ontario, avait analysé toute la documentation produite par Sidewalk Labs et Waterfront Toronto (l’organisme représentant la collectivité locale) tout au long de leur partenariat. En utilisant des techniques d’IA, le laboratoire universitaire a pu établir que Sidewalk Labs et Waterfront Toronto promouvaient des visions de leur relation à des kilomètres l’un de l’autre.
Le premier objectif de Sidewalk Lab de ce partenariat était la construction et le développement, et en fin de compte, grâce à un « capital patient » faisant un beau profit dans un marché immobilier gonflé. Il semble que la filiale de Google n’ait pas été si «patiente», car début mai, ils ont abandonné de manière inattendue Waterfront Toronto au milieu de la crise du COVID-19.
Et Juan-Luis Suarez d’expliquer « nous devons nous rappeler que Google ne possède aucune compétence ni expérience particulière dans le domaine complexe du développement et de la planification urbains », avant de donner sa vérité « Il y avait des doutes et des soupçons persistants de la part de nombreux intervenants sociaux et économiques quant à savoir si réaliser suffisamment de profits (pour Google) serait compatible avec les objectifs de Waterfront Toronto en matière de logement abordable, d’inclusion socio-économique et de meilleure mobilité ».
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