A la fin du XIXeme siècle, dans les pays industrialisés et occidentaux, ce sont les collectivités locales et les administrations de l’Etat qui fournissaient les services publics d’eau, de gaz, d’enseignement ou de soins médicaux, avant d’être transférés au secteur privé. Aujourd’hui, c’est le secteur privé qui s’implique dans les offres des villes intelligentes. Analyse d’une nouvelle forme de gestion des territoires.
Alors que les stratégies de ville intelligente se multiplient dans les municipalités, que ces dernières voient leurs budgets et les dotations de l’Etat s’amenuiser, le secteur privé devient le partenaire essentiel pour réaliser les projets de transition numérique des collectivités locales.
Beaucoup d’experts de l’aménagement du territoire datent ce changement majeur dans le montage et l’attribution des marchés de services publics, à 2007, année où les habitants des zones urbaines ont dépassé ceux des territoires ruraux.
Ainsi, une étude du cabinet d’étude Deloitte constate que 3 millions de personnes déménagent chaque année au niveau mondial vers les villes. Un marché s’ouvre et en même temps, 16% uniquement de collectivités locales de part le monde peuvent autofinancer des projets d’infrastructures. Pour les 84% restant, il n’y a pas de choix, faire appel à des partenaires privés est vital.
Dans cette relation publique/privé, il faut croire que chacun trouve son compte. Pour les entreprises, c’est un nouvel horizon d’activités infinies qui s’ouvre, pour lequel il suffit que les dirigeants aient de l’imagination afin de casser les filières héritées de la révolution industrielle précédente et s’investir dans une ère collaborative tout azimut. Aux collectivités locales, c’est une bénédiction en termes de grandes rentabilités et d’expertises dans des domaines par exemple numériques qui n’ont pas encore vu le jour.
Aux Etats-Unis, il y a l’exemple de la ville californienne de Sacramento qui a signé un partenariat avec le géant des télécom Verizon. Ce dernier a lancé plusieurs projets dont l’installation de technologies pour réguler le trafic, collecter des données afin d’améliorer la circulation et équiper 27 parcs de WiFi pour augmenter les communications.
En Australie, c’est la ville de Liverpool, dans la banlieue de Sydney, qui bénéficie d’un partenariat original avec une entité au nom de « City Possible » financée par la multinationale du payement Mastercard. Les deux partenaires étudieront, développeront et mettront en œuvre de nouvelles solutions et meilleures pratiques pour la banlieue de Sydney. Selon eux, la population se chiffre actuellement à 216 000 habitants et croît de 100 personnes chaque semaine. L’initiative « City Possible » de Mastercard rassemble des villes, des entreprises et des universités du monde entier pour résoudre des problèmes urbains tels que le transport, le développement économique et l’inclusion numérique grâce à des solutions connectées et numériques.
En Europe, l’intervention du secteur privé dans la collectivité locale peut aller plus loin que la simple offre de solutions technologiques. Il y a deux années, George Costache, CEO de la filiale roumaine du géant allemand Siemens, a proposé à l’éducation nationale d’enseigner l’efficacité énergétique à l’école publique, comme nous l’avons signalé par un article sur notre plateforme EcoInovatio.
Reste maintenant avec la multiplication de ces partenariats public/privé de trouver le juste équilibre entre l’intérêt des entreprises plutôt tourné vers le profit et celui des collectivités locales plutôt fixé sur la réduction des coûts. On parle déjà de l’idée d’entité tierce pouvant apporter clarté des rôles, faisabilité politique et simplification des achats. Ainsi, une entité tierce peut aider les partenaires et les villes à naviguer à la fois dans les structures complexes des administrations municipales et des sociétés privées.
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