Le départ, cet été, de Bordeaux, de l’armateur MSC qui représentait 40% du trafic de containeurs du port des bords de la Gironde, ouvre la problématique de la gouvernance d’une ville qui aspire à devenir un des leaders français dans les smart cities.
Bordeaux  a déjà, pour atout de départ, d’être une marque mondiale pour son offre viticole. La ville dispose également d’un un écosystème numérique dynamique qui porte depuis deux décennies des pépites, en termes d’industrie numérique, allant des jeux vidéo aux Fintech… Enfin, des industriels, des cadres et des créatifs passionnés par leur ville et sa région et qui, pour certains, ont parcouru le monde, avec des rêves et des projets tout particulièrement pour promouvoir la French Tech de la métropole bordelaise.
Mais voilà, alors que d’autres villes portuaires de par le monde, à l’exemple d’Helsinki en Finlande et de Santander en Espagne  s’investissent dans une transition numérique où territoire terrestre et maritime sont intégrés dans un même projet Smart City, cet été, et au grand jour, une fracture est apparue. A Bordeaux, le départ d’un leader mondial du transport en mer fait apparaître un malaise, latent depuis plusieurs années, entre le monde économique bordelais et les services du Grand Port maritime.
En avril dernier, à la veille du 4e Forum Smart City Bordeaux, Mylène Villanove, conseillère métropolitaine en charge des coopérations territoriales et conseillère municipale déléguée auprès du maire de la capitale de la Gironde pour les relations institutionnelles avec les territoires, et Martin Vanier, géographe et professeur à l’Université de Grenoble-I et à l’Ecole d’urbanisme de Paris, ont signé une tribune commune pour alerter sur les risques de fracture, liés au concept de Smart City, entre métropole et les territoires qui l’entourent.

Les deux signataires écrivent : « …Tout comme l’intelligence et l’innovation, la métropole ne s’arrête pas à des frontières administratives. La question n’est pas seulement de veiller à ce qu’au-delà du périmètre métropolitain on ait aussi la fibre, des services numériques et l’accès à la data. C’est de faire ensemble, parce que l’interdépendance des territoires l’exige, et parfois en profondeur dans les territoires qu’on estime un peu trop vite « purement ruraux… ». Un texte surprenant qui nullement n’indique que Bordeaux est une cité portuaire, et invite la métropole d’Aquitaine à voir son développement numérique en lien avec son arrière pays.
Lors de ce 4e Forum Smart City Bordeaux, il n’a été nullement question de l’extraordinaire port d’estuaire, comme si son développement numérique ne pouvait se faire sans esprit collaboratif avec la métropole. Alors que Singapour organise son PIER71 Smart Port Challenge pour inviter les start-up du monde entier à une compétition pour développer des solutions numériques portuaires, et que le maire d’Helsinki, Jan Vapaavuori, déclare à qui veut l’entendre : «Nous sommes actuellement en train de faire émerger le cluster maritime intelligent, où les compagnies maritimes traditionnelles se regroupent avec des entreprises technologiques et des start-up innovantes », à Bordeaux , les acteurs numériques tournent le dos à leur estuaire et les acteurs portuaires qui vont perdre 40% du trafic de containeur du port des bords de Gironde.