Les premiers ne sont pas formés dans le même moule et ont des profils diverses, aux multiples expériences enrichissantes. Les deuxièmes, c’est la noblesse de l’administration des régions françaises, façonnés par la même école, l’institut national des études territoriales (INET). A l’heure de la transition numérique, les experts/consultants peinent à se faire entendre dans nos communes, départements et régions.
(Contribution à partager) Admirées pour la beauté de leurs patrimoines urbains, la diversité de leurs territoires et le design de leurs infrastructures, les collectivités locales françaises ont du mal à s’imposer dans les classements internationaux des « villes intelligentes ». Le dernier en date, de l’Eden Strategy Institute de Singapore, le démontre bien puisqu’on retrouve dans ce « TOP 50 Smart Cities » réalisé sérieusement, uniquement deux villes françaises : Lyon à la 45ème et Paris à la 46ème place.
Ce classement révèle en tous les cas un retard de la politique de notre pays, en matière de Smart Cities, alors même qu’un rapport vient d’être remis au gouvernement avec pour titre, « Vers un modèle français de la ville intelligente partagée». Les autorités chargées de ce dossier comme les acteurs des collectivités locales devront s’interroger pourquoi l’étude de l’Eden Strategy Institute a mis 12 villes des Etats-Unis et surtout 6 de l’Inde, devant les capitales de Rhône-Alpes et de France. Un tel résultat interpelle et on peut penser si, dans le domaine du football, la France a des structures sportives qui donnent des champions du monde, en matière de transition numérique de nos territoires, il y a véritablement des lacunes qui méritent d’être corrigées. Il est nécessaire alors et en premier lieu en tous les cas de regarder de près, comment des collectivités locales moins bien lotis que Paris et Lyon, à l’exemple de Colombus dans l’Ohio, aux Etats-Unis, et Surate, en Inde du Sud-Ouest, arrivent à la 25ème et 27ème place du classement des villes les plus Smart City au monde.
Les exemples américains et indiens de la Smart Cities
On découvre ainsi que dans le cas américain comme indien, les collectivités locales fonctionnent sur des principes d’ouverture de leurs administrations à la collaboration extérieure. Elles ne s’interdisent pas dans le cas de leur transition numérique de faire appelle à des experts/consultants et même aux écosystèmes universitaires locaux. Aux Etat-Unis comme en Inde, il est inimaginable d’assister au bras de fer actuel entre le gouvernement français et les administrateurs territoriaux qui s’opposent à l’intégration par contrat au lieu du concours des hauts fonctionnaires aux collectivités locales.
Aux Etats-Unis et comme le confirme l’Eden Strategy Institute, sur la question de la transition numérique de leur territoire, les maires se positionnent comme concurrents face aux financements de l’Etat fédéral. L’expert /consultant est roi chez la première puissance mondiale et son profil d’agitateur d’idées passionné à l’esprit prospectiviste lui donne souvent l’opportunité d’être écouté par le Chief Digital ou smart city Officer de la municipalité, sinon d’occuper lui-même le poste.
La ville de Colombus qui a gagné en 2016, le Smart City Challenge du ministère des Transports des Etats-Unis, prix doté de 40 millions d’euros, a nommé une année après (mars 2017), un directeur de l’innovation, Michael Stevens, capable de porter ses ambitions et accentuer les relations avec le secteur privé et ses experts-consultants. Surtout dans le domaine du transport, secteur pour lequel Colombus se veut exemplaire dans le monde en s’associant à l’entreprise lyonnaise de mini-bus sans chauffeur, Navya.
Comment un ancien comptoir français est devenu intelligent
A Surate, premier comptoir français éphémère en Inde (1668-1778), il fallait, à cette cité côtière de 4 millions d’habitants, faire ses preuves dans la course initiée par New Delhi pour le projet de choix des 100 villes intelligentes en Inde. Début juin dernier, une délégation de députés et de chefs d’entreprise de 7 villes différentes a accompagnés Hardeep Singh Puri, le ministre du logement et de l’urbanisme, pour constater que Surate était sur le point de devenir la première ville intelligente de l’Inde. Usine de traitement, poubelles intelligentes, centrale solaire, jardins verticaux…, on peut dire que si 14 projets ont été achevés et 31 sont toujours en cours, Surate doit à M. Thennarasan, le commissaire de la Surate Municipal Corporation, son positionnement à la 27ème place, juste derrière New Delhi au classement de l’Eden Strategy Institute.
Ce titulaire d’une maîtrise en agriculture et en entomologie, a, dès son arrivé à Surate, en septembre 2016, annoncé la couleur de ses ambitions en matière de développement numérique. Acheminement de l’eau aux citoyens, la connectivité du dernier kilomètre pour l’accès au transport intelligent, nettoyage automatisé de la rivière de la ville, les habitants de Surate ont vu quotidiennement M. Thennarasan sur le terrain pour vérifier les applications des projets. Pour cette ville portuaire connue pour son activité dans le diamant et le textile, le responsable de la mission smart city n’a pas oublié aussi les migrants de passage pour lesquels il est en train de construire des logements de transit.
Abonnez-vous à la Newsletter
Ne manquez rien de la veille internationale et recevez chaque semaine des infos, conseils et plus encore.