L’Algérie a voulu marquer son entrée dans le concept des Smart Cities par un évènement international, réunissant des experts mondiaux du secteur à Alger. La deuxième étape sera peut être de professionnaliser dans le domaine de la transition numérique des territoires urbains, la veille et l’observation des stratégies des villes et métropoles développées sur le sujet.

Si Alger peut être décrite tel « un tableau posé sur un buffet », avec un front de mer majestueux et des hauteurs ondoyantes, il est plus que certains que la transition numérique de son territoire est un
immense défi. Cette ville qui connaît le phénomène de métropolisation comme toutes les cités portuaires de part le monde, n’est pas si simple à propulser dans le monde numérique. En ce sens l’évènement «Alger Smart City 2018 » qui c’est déroulé le 27 et 28 juin 2018, marque plutôt la naissance d’une volonté politique du gouvernement algérien, peut être d’un écosystème de start up porté par la jeunesse, que véritablement de l’avènement d’un Alger intelligent avec de multiples services à la disposition des citoyens.

Il y a un élément essentiel et, peut-être, le plus urgent à prendre en compte dans le cas de la ville blanche. Elle peut disparaître en un rien de temps. Elle a connu de multiples séisme au cours des siècles et, peut-être, s’il y a un champ sur lequel  les experts des algorithmiques doivent travailler, c’est celui des risques sur le territoire algérois (géorisques). Comment une telle ville à la beauté immaculée qui a un patrimoine urbain méditerranéen sans pareil pouvait rentrer dans l’univers des villes intelligentes sans d’abord sécuriser sismiquement et avec le numérique ses citoyens et bâtiments.

Il y a le souvenir d’une présentation en janvier 2017 dans l’enceinte de la wilaya d’Alger, d’un plan de prévoyance sur les risques sismiques par l’expert Azzedine Boudiaf qui nous a appris que 40% de la population algérienne vit sur 2% du territoire algérien. C’est-à-dire au bord de la Méditerranée. Encore ces derniers jours à Alger, l’expert est venu rappeler : « Aujourd’hui, on a besoin d’instruments réglementaires très détaillés accompagnés d’un diagnostic des pathologies pour mieux prévoir et maîtriser ces catastrophes », et M. Boudiaf d’insister : « Il faut une loi très stricte sur l’occupation des sols, c’est ce dont a besoin le pays notamment en termes de prise en charge de ces sols par les citoyens qui construisent dans le cadre de l’auto-construction, et par les institutions d’État qui les développent en région ».

Alors, si les experts numériques de la diaspora algérienne peuvent être appelés à donner les solutions qui permettrons à Alger d’accéder au label « Smart city », il est peut-être urgent d’y associer des Azzedine Boudiaf et certainement Fouad Bendimerad, un des plus respectés experts du géorisque au niveau mondial.

Il est certain qu’au regard des potentialités de la jeunesse algéroise, appliquer la méthode californienne  de la Sillicon Valley pour créer des écosystèmes de start up peut être bénéfique. Mais, la ville intelligente ce n’est pas uniquement un projet technologique, il concerne les sociétés civiles au premier chef qui souvent sont avides de vivre dans des territoires urbains inclusifs.

Des territoires urbains inclusifs, voilà pourquoi la veille stratégique des territoires urbains prend tout son sens pour appliquer à soi les bonnes pratiques en termes de Smart Cities. Pour Alger, connaître, jour par jour, ce que développe en services numériques les villes portuaires de Newcastle en Australie, Mangalore en Inde, Santander en Espagne et Bristol au Royaume-Uni est essentiel. Cette dernière dans le projet Bristol Is Open a gagné cette année les Smart Cities Awards à Barcelone ne mérite-t-elle pas une attention particulière. Notamment concernant le partenariat gagnant-gagnant entre la municipalité et son université.