Y aurait du détournement de concept ? L’expression Smart Cities revient de plus en plus souvent dans les médias du monde et les rencontres internationales. Or, là, les académiques de l’électricité face aux acteurs purs de l’Internet en réclament la paternité.
Il y a des rencontres dont souvent on ne mesure pas sur le moment le caractère historique décisif pour mettre les choses au point. L’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), institution honorable et de loin la plus importante association au monde des ingénieurs et chercheurs scientifiques de l’électricité et de l’électronique, basée à New York, a réuni en début de semaine dernière à Paris, ses experts des réseaux intelligents (Smart Grids).
Cette noble assistance a organisé sa dernière rencontre sur les bords de Seine en Forum international de l’IEEE sur Smart Grid, réseau intelligent pour Smart Cities, villes intelligentes. Ce grand raout s’est inscrit dans une tradition d’hospitalité parisienne de l’accueil d’évènements marquants de l’histoire de l’industrie électrique. Jugez-en ! La première exposition internationale de l’électricité eut lieu en 1881 dans la ville lumière. Et c’est encore à Paris qu’eut lieu la première édition du Conseil international des grands réseaux électriques en 1929. Aujourd’hui, cette tradition devenue parisienne se confirme puisque nous venons d’avoir le premier Forum international de scientifiques sur le Smart Grid. Belle collection de premières ! Mais ingénieurs et chercheurs n’étaient pas là uniquement par tradition. Cette fois-ci, Smart grids et Smart cities ont été en débat.
Les experts de l’IEEE et leur hôte Français à Paris, Noureddine Hadj Saïd, directeur-chercheur du Laboratoire de Génie Electrique de Grenoble, voulaient marquer le coup et transmettre un message aux professionnels de plus en plus nombreux dans le secteur des services intelligents en territoire urbain : « Le Smart Grids comme offre intelligente de l’énergie, fut le pionnier du concept Smart Cities. Il en est le socle et les électriciens veulent transmettre ce message ».
Il est certain que par son caractère très technique, la gestion intelligente de l’électricité et son déploiement apparait moins glamour que les multiples services numériques qui naissent actuellement comme offre de service pour les Smart Cities. Mais sans l’innovation des électriciens dans les développements dans les économies d’énergies et l’intégration croissante des énergies renouvelables devenues cruciales qui d’autres auraient poussé à avoir des réseaux intelligents d’autorégulation fiables, afin de faire progresser la mutation des territoires urbains en villes intelligentes ?
Les acteurs du numérique des Smart cities savent que les électriciens des Smart grids avancent dans la configuration de ce nouveau paradigme avec le même souci de gravité que celui du transport électrique plus que centenaire. Une panne électrique peut-être dans certains cas bien plus grave qu’un service d’Internet inaccessible.
Ce Forum a été l’occasion de cette mise au point. « Pour les électriciens, les Smart Grids prennent leurs importances car la raison d’être du power grid c’est d’être multiservice », précise Raphael Caire, Maître de Conférences au Laboratoire de Génie Electrique de Grenoble. Pour l’IEEE, il faut rien laisser de côté, tout doit être traité, l’interopérabilité et la normalisation des Smart grids concernent des domaines larges, allant du transport à la distribution, du comptage au raccordement des EnR et des télécommunications aux véhicules électriques. D’évidence, ce sont donc les électriciens qui ont la main sur les Smart grids.
Durant trois jours, les experts du Forum international de l’IEEE sur Smart Grid pour Smart Cities n’ont pas uniquement voulu marquer leur leadership sur le concept de ville intelligente, ils ont aussi regardé de face la nouvelle réalité de l’offre énergétique et ses aléas. Elle est désormais complexe car les organismes de réglementation dont relèvent les réseaux électriques intelligents sont différents aux États-Unis et en Europe. Certaines solutions commencent à apparaitre et font appel au Cloud Computing qui pourrait jouer le rôle d’intermédiaire pour assurer cette interopérabilité.
Il n’y a pas que de l’égo chez les électriciens, le monde change à toute vitesse…
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