Au sein des salons et événements majeurs où se dessinent les orientations futures des municipalités françaises, il est légitime d’espérer une réflexion approfondie sur les enjeux qui façonnent nos territoires. Cependant, il est apparu clairement que notre vision collective souffre d’un déficit : l’absence souvent, d’une thématique portant sur la collaboration entre les pôles universitaires et les collectivités locales françaises dans le domaine du numérique. Les collectivités locales au niveau international qui aspirent à réussir une transition numérique, s’appuient sur les connaissances et les ressources universitaires pour résoudre des problèmes complexes. Grâce à l’accès à la recherche et au leadership éclairé sur les défis urbains, nombreux collectivités bénéficient de partenariats avec les universités.
Face aux défis majeurs que sont la cybercriminalité et l’intelligence artificielle, qui ont un impact considérable sur le bon fonctionnement de nos services municipaux, il est surprenant de constater que ces sujets sont rarements abordés lors de manifestations de collectivités territoriales.
Prenons l’exemple de l’Allemagne, où le Conseil réunissant les districts de la région (Land) de Bavière organise depuis 2015 une manifestation dédiée à l’innovation, mettant l’accent sur la modernisation et la numérisation des bureaux des 26 districts bavarois. Cet événement de deux jours et au nom de « Bayerischer Innovationsring » (Innovations Bavaroises), a même été inauguré le 29 juin, par l’intervention de la ministre danoise de la numérisation, Marie Bjerre, partageant les bonnes pratiques de la digitalisation des services publics au Danemark.
La faiblesse de la relation entre la recherche scientifique universitaire et l’industrie en France n’est pas un problème récent. Jean-Pierre Rioux, dans son ouvrage « La Révolution Industrielle » paru en 1971, soulignait déjà cette tendance du capitalisme français à privilégier le rentier plutôt que le technicien.
Malheureusement, cette réalité demeure d’actualité. Pendant que nos partenaires européens se tournent vers l’avenir et investissent massivement dans la recherche et l’innovation, nous restons figés dans une certaine frilosité qui entrave notre développement et notre compétitivité.
La cybercriminalité représente une menace grandissante, capable de paralyser nos infrastructures et de compromettre la sécurité de nos concitoyens. Face à cette réalité, il est essentiel de promouvoir la coopération entre nos pôles universitaires et nos collectivités locales.
Seule une recherche scientifique dynamique, soutenue par des politiques publiques ambitieuses, pourra apporter des solutions concrètes et efficaces pour lutter contre ce fléau. Malheureusement, l’absence d’une thématique dédiée lors de salons et rencontres des collectivités locales, démontre que nos élus ne sont pas suffisamment sensibilisés aux véritables préoccupations de leurs administrés.
Prenons l’exemple du département cybersécurité du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et de l’Université Paris-Est Créteil, deux acteurs majeurs de la recherche scientifique en Île-de-France. Ils sont engagés dans le consortium européen E-Corridor,
qui se consacre à la sécurité numérique dans les systèmes de transport multimodaux, en partenariat avec l’Association des municipalités de la région de Catalogne pour la mobilité et le transport urbain (AMTU). Cette collaboration souligne l’importance de développer de telles relations sur les territoires.
Les villes intelligentes bénéficient de la collaboration avec les universités pour résoudre des problèmes urbains complexes. Autrefois axées sur l’efficacité et les économies de coûts, les villes cherchent maintenant à répondre à des défis tels que le sans-abrisme, le logement abordable, la pollution et les inégalités. Une approche collaborative entre les administrations municipales, les universités, les entreprises et les citoyens est nécessaire pour comprendre les problèmes, tirer parti des compétences et apprendre par des cas réels.
Déjà il y a 5 ans, des universités et instituts de recherche de différents pays ont présenté leurs progrès dans la recherche sur les villes intelligentes lors de la Smart City Expo 2018 à Barcelone. Par exemple, l’Université norvégienne de Stavanger soutient le projet Triangulum, qui vise à développer des solutions énergétiques durables, la mobilité électrique et l’intégration des systèmes de ville intelligente. Hany Fam de MasterCard a souligné l’importance d’un leadership éclairé et de la collaboration avec les universités.
Un exemple concret de leadership universitaire est l’Université de Caroline du Nord (UNC), qui a réalisé une analyse comparative approfondie de quatre villes de la région de la Research Triangle. Utilisant le système métrique CITYKeys, les chercheurs de l’UNC ont évalué l’efficacité de ces villes dans la réalisation de leurs objectifs à long terme. Ces efforts ont contribué à placer ces villes parmi les 25 villes les plus innovantes des États-Unis.
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