Comme chaque semaine, je viens vers vous avec un édito, afin de vous donner un aperçu de tout ce qui est publié pour les ABONNES sur Territorial Challenges ! Merci à vous.
Les dirigeants africains de la Smart Africa Alliance, se sont réunis le lundi 7 décembre par webinaire. Présidée par Paul Kagamé, chef d’Etat du Rwanda, un petit pays hyper connecté, les membres de l’alliance se sont engagés à réduire le coût d’Internet dans leurs pays dans le cadre d’un projet ambitieux qui sera mis en œuvre à partir de 2021.
Avec ses 30 pays membres, représentant plus de 750 millions de personnes et plus de 40 partenaires du secteur privé engagés dans l’avancement de l’Afrique grâce à la transformation numérique, on peut dire que Smart Africa Alliance, s’inscrit totalement dans l’esprit afroptimisme qui domine dans les milieux politiques des pays du Continent Noir.
Ces dernières années, le terme afroptimisme est devenu à la mode. Il n’y a pas un jour où, dans un média, un blog ou un réseau social, un dirigeant d’entreprise, un consultant ou cadre qui ne nous vante une Afrique à une croissance bientôt à deux chiffres.
Mais, le mot afroptimisme, inventé dans les années 90 par les universitaires-jésuites qui voulaient qu’une autre Afrique émerge dans un esprit contraire au pessimisme, est aujourd’hui en rivalité avec une autre ambition de développement du continent : l’afroscientisme ou la promotion de partenariats universitaires.
L’afroscientisme est même devenu une forme de diplomatie stratégique pour s’imposer économiquement dans les pays africains concernant les industries numériques. Ainsi, si un chinois est membre du conseil d’administration de la Smart Africa Alliance, à faire pâlir de jalousie les européens, les américains se sont imposés discrètement par des partenariats universitaires.
Ainsi, la vénérable Carnegie Mellon University de Pittsburgh dans l’Etat de Pennsylvanie, développe ces dernières années un campus à Kigali, dans le cadre du projet Smart City, de la capitale du Rwanda. L’objectif de Carnegie Mellon est de renforcer la capacité de compétences en TIC en Afrique subsaharienne en formant des ingénieurs hautement qualifiés et en préparant la prochaine génération de leaders et d’innovateurs technologiques en Afrique. Cette ambition est en train d’être élargie à l’Égypte où durant la rencontre virtuelle Smart Africa Alliance du 7 décembre, les égyptiens ont annoncé des projets avec la célèbre université américaine.
Pour l’Europe, on peut dire que ce sont les Suisses qui développent un afroscientisme bien original. Celui d’une forte et discrète relation universitaire sans grandes annonces comme celles des américains.
Ces huit dernières années Suisses et Camerounais donnent un exemple fort de cette idée que l’innovation scientifique et la formation peuvent être gage de réussite pour la transition énergétique en Afrique. Elle passe par un partenariat entre le Cameroun et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) qui a créé, en 2013, un centre, au nom de CURES (Centre Universitaire de Recherche sur l’Energie pour la Santé), à Yaoundé, permettant la formation, la recherche et le transfert technologique en vue d’améliorer l’accès à l’énergie dans les hôpitaux.
EPFL est aussi engagé sous l’égide du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dans un concours de start-up, au nom de Growth Stage Impact Ventures (GSIV) et avec pour partenaires, l’opérateur français Orange et le géant du logiciel allemand SAP.
Dans le document qui présente sa vision, l’Alliance Smart Africa explique que sa philosophie repose sur cinq piliers qui reflètent les cinq principes de son manifeste : la politique, l’accès, le E-gouvernement, le secteur privé / entrepreneuriat et le développement durable. Peut-on voir un jour l’afroscientisme, comme étant le sixième pilier.
A Territorial Challenges, nous avons depuis 2011 pensé que le numérique, allait changer le destin des collectivités territoriales qui s’inscrivent dans l’innovation. C’est pour cela que nous avons fait foi de la maxime : « Face à l’inconnu, la transition écologique française doit regarder ailleurs ».
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