Aux Etats-Unis, face aux freins durant quatre années de l’administration Trump, certains maires ont pris les devants et se sont tournés vers les solutions numériques pour réussir leur transition écologique. Tout cela préfigure la montée en puissance d’élus locaux qui devant les hésitations des gouvernements à offrir une politique énergétique d’anticipation, préfèrent prendre les devants, aidés en cela par des technologies accessibles. Un modèle à appliquer en France ?

Le métier de maire n’est pas facile. Certes, il a des pouvoirs, notamment celui d’autorité policière, mais aussi des devoirs qui peuvent à tout moment le mettre personnellement en difficulté. Ainsi, dans le cadre des délibérations, il peut être poursuivi pour tout projet, action, initiative qui tourne mal.

Avec l’avènement de solutions technologiques de plus en plus pertinentes et nombreuses concernant l’énergie, le maire se trouve devant une nouvelle réalité. Il a de plus en plus en main des possibilités pour configurer une production et une offre énergétique originale en phase et à l’identité de son propre territoire. En mars 2013, Lancaster, en Californie, est devenue la première ville des États-Unis à exiger des panneaux solaires pour toute nouvelle construction. Aujourd’hui, R. Rex Parris, le maire de cette ville de plus de 150000 habitants, se lance dans l’hydrogène en partenariat avec un consortium japonais.

Si en France, la transition écologique et les administrations chargées de sa mise en œuvre continuent à occuper le devant de la scène et à définir les règles, aux États-Unis il y a bien un moment où l’évolution climatique et énergétique s’inscrit dans une véritable compétition entre collectivités, entre villes. Ici en France par exemple, le secteur photovoltaïque, dépend du bon vouloir d’un ministre sans tenir compte du besoin de visibilité et de régularité nécessaire au développement économique d’une filière et de ses entreprises.

Aux États-Unis, alors que les fonctionnaires fédéraux pataugent dans la peur et les blocages partisans, les élus locaux à travers le spectre politique prennent le défi de briser la dépendance aux sources d’énergie conventionnelles, et la libération de leurs collectivités au travers des technologies d’efficacités et des énergies renouvelables.

Aux États-Unis, il y a aujourd’hui autant de diversités de projets, de défis municipaux autour de l’énergie que de situations territoriales. Dans le Kansas, la ville de Greensburg a été détruite par une tornade en 2007. Aujourd’hui encore, son maire Bob Dixson sillonne les États-Unis pour raconter comment il a relevé le défi énergétique d’utiliser le vent grâce à un parc éolien et assurer non seulement les besoins énergétiques de ses administrés, mais aussi fournir l’énergie excédentaire aux localités voisines.

Ainsi, si les exemples américains et de certains pays du nord de l’Europe tendent à indiquer qu’il n’est pas nécessairement efficace que les transitions énergétiques soient menées par les administrations étatiques au détriment de celles des collectivités locales, ils donnent tout de même un vrai éclairage sur le rôle prééminent de la fonction de maire sur le sujet. On pourrait même s’interroger. Les collectivités locales, municipalités, communautés de communes, n’auraient-elles pas intérêt à se doter de département R&D pour développer des solutions, voire les commercialiser ? Certaines commencent à y songer.