Depuis dix ans, dans ses études sur la performance énergétique, le Forum économique mondial (FEM) donne une vision très claire à ce sujet sur la situation des pays méditerranéens. Un même équilibre doit être trouvé entre le nord et le sud du bassin.

Dans les trente premiers pays modèles, en termes de politique d’efficacité énergétique, on ne trouve que sept méditerranéens, un même nombre que celui d’Amérique Latine, mais tous du nord du bassin. Il fallait compter sur les performances ces dernières années de pays comme la Slovénie, la Croatie et l’Albanie pour que la Méditerranée soit si bien représentée.

Concernant la rive sud et derrière le satisfecit des Israéliens, Marocains, Tunisiens, Algériens et Egyptiens de se voir mieux classés que les autres pays de la région MENA, en politique de performance énergétique, une autre réalité et pas des moindres se cache dans le dernier rapport du Forum économique mondial de 2017. Le fossé est large entre les bons élèves du domaine, tels la France à la sixième place mondiale, l’Espagne à la septième et le Portugal à la onzième, et les pays du sud-méditerranéen qui sont loin derrière, après la cinquantième position.

Le 19 décembre 2019, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne publiée dans le journal francophone algérien El Watan, une contribution pour expliquer la nouvelle politique énergétique du Vieux Continent à la population du plus grand pays d’Afrique: « Le «Green Deal» est une stratégie de croissance durable et inclusive de l’Europe qui représente également une opportunité pour l’Algérie dans la mise en œuvre de son Plan national climat et de sa Feuille de route pour l’économie circulaire. Les intérêts de l’Algérie, partenaire énergétique de l’UE de longue date, sont à la fois convergents et complémentaires avec ceux de l’Europe… ».

L’intention est louable de la part de la présidente de la Commission, mais elle n’aborde nullement les problématiques des pays du sud de la Méditerranée à développer une pédagogie autour de la production et consommation énergétique. Car le constat est simple, et malgré les efforts de ces dernières années en faveur d’une politique énergétique commune autour du bassin méditerranéen, il est évident que les outils pédagogiques autour de la performance énergétique tardent à traverser la mer. Se pérennise une relation énergétique principalement basée sur l’extraction au sud des hydrocarbures et leur production et consommation au nord. Et il semble que pour le futur, ce sont les mêmes idées qui ont été défendues avec les projets Desertec et Medgrid en ce qui concerne les énergies renouvelables.

Selon les rapports et prévisions du Forum économique mondial, entre 2009 et 2017, la Tunisie recule de 18 points (65) et l’Algérie de 28 (81). On parle d’une explosion de la consommation énergétique des ménages dans ces pays, c’est-à-dire de l’électricité dite spécifique, celle qui concerne principalement les produits électroniques grand public. Sauf le Maroc trouve grâce aux yeux des experts du Forum économique mondial, puisqu’il a gagné 14 places à cause d’une politique en énergie renouvelable judicieuse.

À ce titre, le réseau Medener, créé en 1997, pour promouvoir la performance énergétique autour de la Méditerranée, mérite plus que tout autre institution, concernant l’énergie au nord et au sud du bassin, une mise en valeur et plus de moyens d’intervention. Déjà, il développe depuis 2012 une base de données d’indicateurs d’efficacité énergétique. En juin 2019, Medener s’est appuyé sur le réseau Euromed, dédié aux villes durables des pays du pourtour du bassin, « afin de construire une vision commune des défis et des solutions pour la mise en œuvre d’une transition énergétique inclusive et durable adaptée à la région méditerranéenne ».

Car l’écart entre un Nord, dont les populations cherchent coûte que coûte à réduire la facture énergétique, et celles du Sud, qui ne jurent que par le confort énergétique, se creuse. D’autant que sur la rive sud, les populations devraient augmenter de 45 % d’ici 2030 et déjà la construction de bâtiments résidentiels comme tertiaires frôle constamment des chiffres records.

Pour une harmonisation de la politique de performance énergétique au nord comme au sud de la Méditerranée, il faudra favoriser les industries de l’équipement électrique et demander aux pétroliers, gaziers et producteurs de réduire leur emprise sur la politique énergétique. Il faudra aussi s’inspirer des best practices dans d’autres régions, continents.

Ainsi, Il est nécessaire de s’interroger pourquoi la Colombie est le huitième pays de la performance énergétique mondiale et le tout petit Costa Rica quatorzième. Et pour ce dernier, étudier sa stratégie car aujourd’hui, les énergies renouvelables fournissent environ 98,1% de la consommation énergétique de son territoire. A ce sujet les pays du bassin méditerranéen ensemble, doivent méditer cette estimation de l’Agence Internationale de l’Energie « …La production d’énergie solaire au Moyen-Orient et en Afrique du Nord représente potentiellement 100 fois la demande d’électricité de ces deux régions avec l’Europe réunies… ».