A quatre mois des élections municipales, la France reste un pays très en retard en projets d’innovations qui associent collectivités locales et pôles de recherche universitaire.

Cette année encore les universités et grandes écoles françaises étaient absente du Salon 2020 des Maires Porte de Versailles (24, 25 et 26 novembre). Alors, si les élus de nos territoires de France ne font confiance qu’aux grandes et petites entreprises en matière de marchés publics, on est en droit de s’interroger sur les réels besoins du pays pour réussir sa troisième révolution industrielle.

Sur l’avenir de la transition écologique de la France, nulle part la question de la recherche universitaire comme territoire de l’innovation n’est indiquée. Il semble qu’il y a malentendu sur ce mot « d’innovation » et le gouvernement croit-il que réussir le saut technologique du changement de paradigme climatique se fera uniquement dans les labos R&D de nos entreprises du CAC 40.

Pourtant, à regarder de près les bonnes pratiques de la transition écologique des territoires chez les partenaires européens tels le Danemark, la Slovénie et l’Estonie…, on constate la primauté donnée par les gouvernements de ces pays à la relation université et collectivités locales.

Par exemple, la Technical University of Danmark (DTU) intervient régulièrement auprès des industries et des pouvoirs publics comme consultant sur des questions purement techniques, scientifiques et sociales. En Allemagne, Le Fraunhofer Institute, est une sorte de CNRS germanique crée au lendemain de la guerre pour aider à la reconstruction du pays. Des équipes de chercheurs du Fraunhofer travaillent actuellement la main dans la main avec les administrations territoriales du länder Bade-Wurtemberg qui a pour ambition de devenir une région de premier plan en matière de transformation numérique avec la stratégie nationale «digital@bw». En coopération étroite avec les municipalités et d’autres partenaires, le ministère de l’Intérieur, de la Numérisation et des Migrations du Bade-Wurtemberg fait avancer à grand pas la digitalisation des villes et des zones rurales.

Ces initiatives danoise et allemande nous renvoient aux souvenirs des génies du secteur électrique français du XIX siècle. Qui se souvient de Paul Janet, qui, à la demande du gouvernement d’alors, mit sur pied à l’Université de Grenoble un cours d’électricité industrielle pour fournir aux entreprises des ingénieurs spécialistes de cette discipline. Qui se souvient d’Edouard Branly, un des inventeurs de la radio et découvreur du principe de la radioconduction, de la télémécanique, et dont le combat de toute une vie a été d’avoir un laboratoire décent à l’Insitut catholique de Paris pour y travailler.

Paul Janet dont l’amphithéâtre principal de Supélec porte le nom, Edouard Branly et bien d’autres sont rentrés dans l’histoire de l’électricité par leur apport. Peut-on aujourd’hui et au moment où certains ministres du gouvernement Edouard Philippe appellent à la mobilisation pour entrer dans une nouvelle ère industrielle, négliger le maillage territorial de nos universités scientifiques, prêtes à nous offfrir des Edouard Branly et Paul Janet.