Le développement des Smart Cities ne doit pas reposer que sur l’innovation numérique laissée aux seuls mains de technologues et autres industriels. La noblesse de l’innovation est aussi de trouver les moyens pour remédier aux crises sociales que traversent une ville. Aux USA, Portland dans l’Oregon et son université ont conclu un des plus beaux partenariats Smart City de 2018.

De nombreux élus de part le monde doivent certainement appréhender le nouveau concept que sont les villes intelligentes. Par où commencer et qu’elles sont les projets prioritaires ? Il faut les comprendre, tellement les nouvelles technologies ouvrent des perspectives infinies de développement. En France, une lacune subsiste concernant la participation des universités locales et particulièrement leurs centres de recherche au développement de projets Smart Cities pour les collectivités territoriales. Cette absence d’interaction en régions entre municipalités, intercommunalités et centres de recherche est préjudiciable à l’émergence de solutions destinées par les technologies et aussi les sciences à guérir les maux de nos territoires urbains comme ruraux.

A Portland dans l’Oregon, les pragmatiques américains voient les choses autrement. En novembre dernier, The Portland State University, la faculté locale, a décidé de lancer une initiative originale en matière de Smart Cities, en partenariat avec la ville. Couper la poire en deux d’un budget de 3 millions de dollars afin de créer distinctement deux centres de recherche, l’un exclusivement dédié aux technologies consacrées à la ville intelligente et l’autre à caractère social pour développer des solutions à l’intention des sans-domicile fixe.

En juillet 2018, le journal local The Oregonian signalait que la moitié des arrestations concernaient les sans-abri. Élu depuis fin 2016, le maire Ted Wheeler a fait du sujet une priorité, mais en essayant d’adopter une politique d’accompagnement des SDF plutôt que répressive. Malgré le reproche des citoyens de la ville sur la multiplication des campements, le maire tint bon et réfuta les critiques concernant son attitude passive vis-à-vis des sans-abris qui selon les habitants de la ville, a souvent conduit la violence et la destruction de biens.

En croissance rapide, Portland est devenue une ville très peuplée et de fait le nombre de personnes sans-abris a augmenté. La municipalité figure parmi les premières places des classements concernant les enfants et jeunes SDF. Pour remédier à cette situation, la Portland State University a mis à la disposition de la ville de Portland un laboratoire dirigé par Marisa Zapata, une urbaniste spécialiste de l’aménagement du territoire et des politiques publiques qui a travaillé au Costa Rica, au Ghana, en Irlande et en Inde, et Greg Townley, professeur associé de psychologie clinique.

La tâche réservée à ce laboratoire, le HRAC (Homelessness Research & Action Collaborative), est d’étudier les pratiques et les politiques relatives aux sans-abris, trouver des solutions qui traitent de la manière dont le problème est perpétué par le racisme, fournir des recommandations sur les programmes et les politiques aux dirigeants locaux. La recherche visera spécifiquement la meilleure façon de soutenir les sans-abri, de documenter les coûts et les impacts de l’itinérance sur la santé et leurs coûts, et d’évaluer la meilleure façon de réduire et de prévenir les politiques nationales et locales.