Penser la réforme territoriale à l’aune de la numérisation du pays n’est pas aisé. La semaine dernière le Cercle Colbert a essayé d’aller loin dans la réflexion, tout en butant parfois aux limites de l’exercice imposé par un cadre politique territorial qui a fait son temps.

Il y a une formule qui mérite d’être méditée par les élus territoriaux de France : « Territoire de Projet». Inscrite dans le rapport « Sur la préparation d’une nouvelle étape de la décentralisation en faveur du développement des territoires » du député LREM du Vaucluse Jean-François Cesarini et de son collègue Guillaume Vuilletet du Val d’Oise, elle oblige à réfléchir par deux fois sur sa responsabilité à quémander une dotation pour une collectivité locale sans offrir en retour une réelle vision de développement et innovation dans sa collectivité locale.

Ainsi, le rapport de Jean-François Cesarini et Guillaume Vuilletet, ne laisse pas indifférent à l’heure où la France peine à être un exemple international en termes numérique et énergétique appliquée au territoire, alors même que ces deux transitions majeurs de la 4eme révolution industrielle tournent à plein régime ailleurs.

La louable soirée consacrée au rapport par Le Cercle Colbert à la mairie du 13ème arrondissement, a surtout permis de mesurer les fractures entre les acteurs et les professionnels de la politique territoriale. Le professeur de droit public et spécialiste de la sécurité intérieure, Olivier Renaudie, a eu la charge d’ouvrir les débats pour décortiqué les travaux des deux députés. Mais rien n’y fait, même la subtilité intellectuelle toute française d’expliquer la complexité d’une France à jamais centralisatrice par tradition et habitué au millefeuille de son administration territoriale, ne résiste pas au volontarisme des deux députés d’En Marche, venu de la société civile.

Tel un boxeur de province sur un ring parisien, Jean-François Cesarini n’avait qu’une envie. Donner un upercut là où ça fait mal, c’est-à-dire les arrogantes métropoles qui se multiplient en France sur le modèle de la capitale au détriment des villes moyennes et des territoires ruraux.

En ouvrant les débats, Couret, le maire du 13ème arrondissement a bien indiqué avec fierté que le plus grand incubateur au monde, Station F, se trouve sur son territoire. Il semble que cela n’a pas échappé au député du Vaucluse qui plus tard interroge l’assistance. « Les Google et Facebook dominent bien le numérique alors que leurs sièges se trouvent à Palo Alto, une ville de seulement 50000 habitants ».

Au Cercle Colbert on se met alors à rêver. Avec des débats d’une telle intensité, les jeux ne sont pas faits d’avance et qu’il y aura d’autres rencontres pour accompagner les réformes à venir à l’aune de la révolution numérique.