Alors qu’en France, l’avenir de l’assurance est plutôt réfléchi en termes de services innovants pour remplacer ceux traditionnels, les assureurs allemands pensent en termes des nouveaux usages, produits et clients à assurer. Mise au point à l’heure de la semaine parisienne Insurtech Business Week’18.
Les Smart Cities et leurs IoT semblent être pour le monde de l’assurance, la future poule aux œufs d’or de l’autre côté du Rhin. Si dans le secteur bancaire l’offre aux clients de services numérisés est installée depuis déjà un moment, celui de l’assurance connaît actuellement un bouleversement de fond en comble. « Cela n’est pas encore perceptible pour beaucoup, mais les offres se numériseront rapidement dans les mois à venir », explique Fabian Nadler, président de Bitkom, Digital Insurance & InsurTech Digital – des associations allemandes.
Alors, il semble que les grands assureurs travaillent à grande vitesse sur les solutions numériques, ainsi que de plus en plus de start-ups InsurTech qui s’appuient sur des modèles d’activités et de risques partiellement connus ou totalement nouveaux. Ces nouvelles perspectives nous font revenir à la théorie des produits orphelins conceptualisée, il y a plus d’une dizaine d’années, par l’ex-patron de Sony Music, Henri de Bodinat. Un produit orphelin est un service ou un objet attendu par le marché mais qui n’a pas été encore créé. L’Iphone en est un bon exemple.
40 milliards d’objets connectés sur terre dans 5 ans
En Allemagne, les acteurs de l’assurance, traditionnels tout comme les start-ups semblent considérer que les produits orphelins sont plutôt nichés dans la ville intelligente. Nombreux ont en tête le rapport du cabinet Business Insider Intelligence qui prédit au niveau mondial qu’au cours des cinq prochaines années : « les objets connectés atteindront le chiffre de 40 milliards, et les gouvernements et collectivités locales seraient prêts à investir 900 milliards de dollars d’ici 2023, pour développer des villes intelligentes et leurs besoins en utilitaires numériques, capteurs et système de caméras connectés. »
Ainsi, en Allemagne, pour appréhender la révolution des assurances, on s’exprime en termes d’écosystèmes à construire. Le paysage InsurTech se concentre ainsi sur quelques régions. Même si Berlin n’est pas connue comme un centre traditionnel de l’assurance, elle est devenue le plus important hub d’InsurTech en Allemagne, où 31% des start-ups du domaine bénéficient de l’écosystème de démarrage de la capitale. Les autres régions et lieux importants d’InsurTech sont Cologne (17%), la région Rhin-Main (17%) et Munich (12%).
Munich Re, un assureur qui a du nez
Le pays bénéficie aussi à Cologne du hub InsurLab, une plateforme qui vient de publier un premier rapport avec le cabinet de conseil EY avec pour titre « Petite histoire, présent prospère – avenir radieux? ». Au total, 30 compagnies d’assurance et 31 sociétés du secteur, fournisseurs de technologie, sociétés de conseil, universités et instituts de recherches sont partenaires d’InsurLab. La rigueur méthodique germanique dont l’efficacité est louée dans le rapport de veille stratégique concernant « l’assurance des travailleurs indépendants en Allemagne, Angleterre, Espagne et l’Italie », édité par Ecoinovatio.com, vient de donner un premier résultat. Munich Re, un des leaders de la réassurance, vient de mettre sur la table 300 millions de dollars pour acquérir une start-up berlinoise du nom de Relayr. Spécialisée dans les IoT, cette dernière a une technologie qui permet d’extraire et analyser les données de machines et d’autres matériels pour prédire le moment où un IoT doit être réparé et rendre les processus de production plus efficaces.
Au regard des objets connectés qui vont inonder chaque coin de rue, on peut penser que Munich Re tient là des futurs clients, les municipalités d’Allemagne et d’ailleurs qui ne vont pas rechigner à contractualiser pour s’assurer une maintenance pérenne des choses intelligentes qui vont inonder leur collectivités territoriales. Peut-on penser sur ce terrain de l’insurTech que les assureurs allemands bénéficient de la forte pensée germanique appliquée à l’industrie mécanique, qui manque dans des pays aux économies à dominante de services comme la France et la Grande-Bretagne ?
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